Dessin médianimique exécuté par M. Paul Lambardo, de Constantinople,
auquel les arts du dessin et de la peinture sont complètement inconnus.
A l'heure qu'il est, le tableau figure d'une manière remarquable au
palais de l'Exposition, à droite de la place réservée aux tableaux et
gravures. Le prix en a été fixé à 20 livres turques ou 460 francs.
Remarquez qu'il s'agit d'un fait que des milliers de personnes peuvent
constater authentiquement.
Je reçois des lettres de différents
points d'Europe, d'Asie et d'Afrique, mais je suis sobre de réponses,
sinon pour encourager l'étude sérieuse et approfondie de notre grande et
belle science ; puis je renvoie toujours à vos excellents ouvrages les
Livres des Esprits et des Médiums.
Nous avons toujours des
réunions pour les expériences physiques et pour les études
psychologiques ; quoique les premières nous fatiguent presque toujours,
nous ne pouvons les abandonner complètement, par la raison qu'elles
servent à convaincre certains incrédules qui veulent voir et toucher.
Présentez, je vous prie, à la Société spirite de Paris, les
respectueux et fraternels compliments de nos frères spirites de
Constantinople, et en particulier de celui qui se dit aussi votre tout
dévoué frère spirite.
Repos jeune, avocat. »
Le fait significatif de l'exposition du tableau de M. Lambardo à
Constantinople, quoique admis ostensiblement présenté comme produit
médianimique, est le pendant des fables spirites couronnées aux Jeux
Floraux de Toulouse. On a dit quelque part que si l'Académie de Toulouse
eût connu l'origine de ces fables, elle les aurait repoussées ; c'est
lui faire la plus grossière injure ; c'est oublier, en outre, que les
sujets envoyés à ces sortes de concours ne doivent porter aucune
signature, ni aucun signe pouvant révéler l'auteur, sous peine
d'exclusion ; M. Jaubert ne pouvait donc pas plus mettre celle d'un
Esprit que la sienne, ni même dire qu'elles venaient d'un Esprit, car
c'eût été violer la loi du concours, qui veut le secret le plus absolu.
C'est la réponse à ceux qui accusent M. Jaubert d'avoir usé de
supercherie en gardant le silence sur la provenance de ces fables. Quoi
qu'il en soit, aux deux extrémités de l'Europe une sanction officielle
est donnée à des produits d'outre-tombe.
De pareils faits
suffiraient pour démontrer l'irrésistible puissance du Spiritisme, si,
d'ailleurs, elle n'était rendue évidente par tout ce qui se passe sous
nos yeux depuis quelques années, et par l'inutilité des efforts que l'on
fait pour le combattre. Et pourquoi ces efforts sont-ils inutiles ?
Parce que, comme nous l'avons dit, il a un caractère qui le distingue de
toutes les doctrines philosophiques, c'est de n'avoir pas un foyer
unique, de ne dépendre de la vie d'aucun homme ; son foyer est partout,
sur la terre et dans l'espace, et si on le gêne d'un côté, il sort de
l'autre ; parce que, comme le dit la Société spirite de Palerme, il
s'affirme et par des faits que chacun peut expérimenter, et par une
théorie qui a ses racines dans le sens intime de chacun. Pour
l'étouffer, il ne faudrait pas comprimer un point du globe, un village,
une ville, une contrée même, mais le globe entier ; et encore ne
serait-ce qu'un arrêt momentané, car la génération qui s'élève porte en
elle l'intuition des idées nouvelles qu'elle fera tôt ou tard prévaloir.
Voyez ce qui se passe dans une contrée voisine où l'on met sur ces
idées un couvercle de plomb, et où cependant elles s'échappent par
toutes les fissures