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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1865 > Mai
Mai
Questions et Problèmes
Manifestation de l'esprit des animaux
On nous écrit de Dieppe :
« … Il me semble, cher monsieur, que nous touchons à une époque où doivent s'accomplir d'incroyables choses. Je ne sais que penser d'un phénomène des plus étranges qui vient encore d'avoir lieu chez moi. Dans le temps de scepticisme où nous vivons, je n'oserais en parler à personne, de peur qu'on ne me prenne pour un halluciné ; mais, au risque, cher monsieur, d'amener sur vos lèvres le sourire du doute, je veux vous raconter le fait ; futile en apparence, au fond, il est peut-être plus sérieux qu'on ne le pourrait croire.
Feu mon pauvre fils, décédé à Boulogne-sur-Mer, où il continuait ses études, avait eu d'un de ses amis une charmante petite levrette que nous avions élevée avec un soin extrême. Elle était, dans son espèce, la plus adorable petite créature qu'il fût possible d'imaginer. Nous l'aimions comme on aime tout ce qui est beau et bon. Elle nous comprenait au geste, elle nous comprenait au regard. L'expression de ses yeux était telle, qu'il semblait qu'elle allait répondre lorsqu'on lui adressait la parole.
Après le décès de son jeune maître, la petite Mika (c'était son nom) me fut amenée à Dieppe, et, selon son habitude, elle couchait chaudement recouverte à mes pieds, sur mon lit. L'hiver, lorsque le froid sévissait par trop, elle se levait, faisait entendre un petit gémissement d'une extrême douceur, ce qui était sa manière habituelle de formuler une demande, et comprenant ce qu'elle désirait, je lui permettais de venir se mettre à côté de moi. Elle s'étendait alors de son mieux entre deux draps, son petit museau sur mon cou qu'elle aimait pour oreiller, et se livrait au sommeil, comme les heureux de la terre, recevant ma chaleur, me communiquant la sienne, ce qui ne me déplaisait pas du reste. Avec moi, la pauvre petite passait d'heureux jours. Mille choses douces ne lui faisaient pas défaut ; mais, en septembre dernier, tomba malade et mourut, malgré les soins du vétérinaire à qui je l'avais confiée. Nous parlions souvent d'elle, ma femme et moi, et nous la regrettions presque comme un enfant aimé, tant elle avait su, par sa douceur, son intelligence, son fidèle attachement, captiver notre affection.
Dernièrement, vers le milieu de la nuit, étant couché mais ne dormant pas, j'entends partir du pied de mon lit ce petit gémissement que poussait ma petite chienne lorsqu'elle désirait quelque chose. J'en fus tellement frappé, que j'étendis les bras hors du lit comme pour l'attirer vers moi, et je crus en vérité que j'allais sentir ses caresses. A mon lever le matin, je raconte le fait à ma femme qui me dit : « J'ai entendu la même voix, non pas une seule fois, mais deux. Elle semblait partir de la porte de ma chambre. Ma première pensée fut que notre pauvre petite chienne n'était pas morte, et, qu'échappée de chez le vétérinaire qui se l'était appropriée pour sa gentillesse, elle demandait à rentrer chez nous. »
« Ma pauvre fille malade, qui a sa couchette dans la chambre de sa mère, affirme l'avoir entendue également. Seulement, il lui a semblé que le son de voix partait, non de la porte d'entrée, mais du lit même de sa mère qui est tout près de cette porte.
Il faut vous dire, cher monsieur, que la chambre à coucher de ma femme est située au-dessus de la mienne. Ces sons étranges provenaient-ils de la rue comme ma femme le croit, elle qui ne partage pas mes convictions spirites ? C'est impossible. Partis de la rue, ces sons si doux n'auraient pu frapper mon oreille, je suis tellement atteint de surdité, que, même dans le silence de la nuit, je ne puis entendre le bruit d'un lourd chariot qui passe. Je n'entends même pas la grande voix du tonnerre en temps d'orage. D'un autre côté, le son de voix parti de la rue, comment s'expliquer l'illusion de ma femme et de ma fille qui ont cru l'entendre, comme venant d'un point tout opposé, de la porte d'entrée pour ma femme, du lit de celle-ci pour ma fille ?
Je vous avoue, cher monsieur, que ces faits, quoiqu'ils se rapportent à un être privé de raison, me font singulièrement réfléchir. Que penser de cela ? Je n'ose rien décider et je n'ai pas le loisir de m'étendre longuement sur ce sujet ; mais je me demande si le principe immatériel, qui doit survivre chez les animaux comme chez l'homme, n'acquerrait pas, à un certain degré, la faculté de communication comme l'âme humaine. Qui sait ! connaissons-nous tous les secrets de la nature ? Évidemment non. Qui expliquera les lois des affinités ? qui expliquera les lois répulsives ? personne. Si l'affection, qui est du domaine du sentiment, comme le sentiment est du domaine de l'âme, possède en soi une force attractive, qu'y aurait-il d'étonnant à ce qu'un pauvre petit animal à l'état immatériel se sente entraîné là où son affection le porte ? Mais le son de voix, dira-t-on, comment l'admettre, et s'il s'est fait entendre une fois, deux fois, pourquoi pas tous les jours ? Cette objection peut paraître sérieuse ; toutefois, serait-il déraisonnable de penser que ce son ne puisse se produire en dehors de certaines combinaisons de fluides, lesquels réunis agissent en un sens quelconque, comme se produisent en chimie certaines effervescences, certaines explosions, par suite du mélange de telles ou telles matières ? Que cette hypothèse paraisse fondée ou non, je ne la discute pas, je dirai seulement qu'elle peut être dans les choses possibles, et sans aller plus avant, j'ajouterai que je constate un fait appuyé d'un triple témoignage, et que si ce fait s'est produit, c'est qu'il a pu se produire. Au surplus, attendons que le temps nous éclaire, nous ne tarderons peut-être pas à entendre parler de phénomènes de même nature. »
Notre honorable correspondant fait sagement de ne pas trancher la question ; d'un seul fait qui n'est encore qu'une probabilité, il ne tire pas une conclusion absolue ; il constate, observe en attendant que la lumière se fasse. Ainsi le veut la prudence. Les faits de ce genre ne sont encore ni assez nombreux, ni assez avérés pour en déduire une théorie affirmative ou négative. La question du principe et de la fin de l'esprit des animaux commence seulement à se débrouiller, et le fait dont il s'agit s'y rattache essentiellement. Si ce n'est pas une illusion, il constate tout au moins le lien d'affinité qui existe entre l'Esprit des animaux, ou mieux de certains animaux et celui de l'homme. Il paraît, du reste, positivement prouvé qu'il est des animaux qui voient les Esprits et en sont impressionnés ; nous en avons rapporté plusieurs exemples dans la Revue, entre autres celui de l'Esprit et le petit chien, dans le numéro de juin 1860. Si les animaux voient les Esprits, ce n'est évidemment pas par les yeux du corps ; ils ont donc aussi une sorte de vue spirituelle.
Jusqu'à présent, la science n'a fait que constater les rapports physiologiques entre l'homme et les animaux ; elle nous montre, au physique, tous les anneaux de la chaîne des êtres sans solution de continuité ; mais entre le principe spirituel des deux Esprits il existait un abîme ; si les faits psychologiques, mieux observés, viennent jeter un pont sur cet abîme, ce sera un nouveau pas de fait vers l'unité de l'échelle des êtres et de la création. Ce n'est point par des systèmes qu'on peut résoudre cette grave question, c'est par les faits ; si elle doit l'être un jour, le Spiritisme, en créant la psychologie expérimentale, pourra seul en fournir les moyens. Dans tous les cas, s'il existe des points de contact entre l'âme animale et l'âme humaine, ce ne peut être, du côté de la première, que de la part des animaux les plus avancés. Un fait important à constater, c'est que, parmi les êtres du monde spirituel, il n'a jamais été fait mention qu'il existât des Esprits d'animaux. Il semblerait en résulter que ceux-ci ne conservent pas leur individualité après la mort, et, d'un autre côté, cette levrette qui se serait manifestée paraîtrait prouver le contraire.
On voit d'après cela que la question est encore peu avancée, et qu'il ne faut pas se hâter de la résoudre. La lettre ci-dessus ayant été lue à la société de Paris, la communication suivante fut donnée à ce sujet.
Paris, 21 avril 1865. – Médium, M. E. Vézy.
Je vais toucher à une grave question ce soir, en vous parlant des rapports qui peuvent exister entre l'animalité et l'humanité. Mais dans cette enceinte, quand, pour la première fois, mes instructions vous enseignaient la solidarité de toutes les existences et les affinités qui existent entre elles, un murmure s'est élevé dans une partie de cette assemblée, et je me suis tu. Devrais-je faire de même aujourd'hui, malgré vos questions ? Non, puisque enfin je vous vois entrer dans la voie que je vous indiquais.
Mais tout ne s'arrête point à croire seulement au progrès incessant de l'Esprit, embryon dans la matière et se développant en passant par l'étamine du minéral, du végétal, de l'animal, pour arriver à l'humanimalité où commence à s'essayer seule l'âme qui s'incarnera, fière de sa tâche, dans l'humanité. Il existe entre ces différentes phases des liens importants qu'il est nécessaire de connaître et que j'appellerai périodes intermédiaires ou latentes ; car c'est là que s'opèrent les transformations successives. Je vous parlerai plus tard des liens qui rattachent le minéral au végétal, le végétal à l'animal ; puisqu'un phénomène qui vous étonne nous amène aux liens qui rattachent l'animal à l'homme, je vais vous entretenir de ces derniers.
Entre les animaux domestiques et l'homme, les affinités sont produites par les charges fluidiques qui vous entourent et retombent sur eux ; c'est un peu l'humanité qui déteint sur l'animalité, sans altérer les couleurs de l'un ou de l'autre ; de là cette supériorité intelligente du chien sur l'instinct brutal de la bête sauvage, et c'est à cette cause seule que pourront être dues ces manifestations que l'on vient de vous lire. On ne s'est donc point trompé en entendant un cri joyeux de l'animal reconnaissant des soins de son maître, et venant, avant de passer à l'état intermédiaire d'un développement à l'autre, lui apporter un souvenir. La manifestation peut donc avoir lieu, mais elle est passagère, car à l'animal, pour monter d'un degré, il faut un travail latent qui annihile, pour tous, tout signe extérieur de vie. Cet état est la chrysalide spirituelle où s'élabore l'âme, périsprit informe n'ayant aucune figure reproductive de traits, se brisant dans un état de maturité, pour laisser échapper, dans des courants qui les emportent, les germes d'âmes qui y sont éclos. Il nous serait donc difficile de vous parler des Esprits de bêtes de l'espace, il n'en existe point, ou plutôt leur passage est si prompt qu'il est comme nul, et qu'à l'état de chrysalide, ils ne sauraient être décrits.
Vous savez déjà que rien ne meurt de la matière qui s'affaisse ; quand un corps se dissout, les éléments divers dont il est composé lui réclament la part qu'il lui ont donnée : oxygène, hydrogène, azote, carbone retournent à leur foyer primitif pour alimenter d'autres corps ; il en est de même pour la partie spirituelle : les fluides organisés spirituels saisissent au passage couleurs, parfums, instincts, jusqu'à la constitution définitive de l'âme.
Me comprenez-vous bien ? J'aurais sans doute besoin de mieux m'expliquer, mais pour terminer ce soir, et ne point vous faire supposer l'impossible, je vous assure que ce qui est du domaine de l'intelligence animale ne peut se reproduire par l'intelligence humaine, c'est-à-dire que l'animal, quel qu'il soit, ne peut rendre sa pensée par le langage humain ; ses idées ne sont que rudimentaires ; pour avoir la possibilité de s'exprimer comme le ferait l'Esprit d'un homme, il lui faudrait des idées, des connaissances et un développement qu'il n'a pas, qu'il ne peut pas avoir. Tenez donc pour certain que ni chien, chat, âne, cheval ou éléphant ne peuvent se manifester par voie médianimique. Les Esprits arrivés au degré de l'humanité peuvent seuls le faire, et encore en raison de leur avancement, car l'Esprit d'un sauvage ne pourra vous parler comme celui d'un homme civilisé.
Remarque. Ces dernières réflexions de l'Esprit ont été motivées par la citation faite dans la séance de personnes qui avaient prétendu avoir reçu des communications de divers animaux. Comme explication du fait précité, sa théorie est rationnelle et elle concorde, pour le fond, avec celle qui prévaut aujourd'hui dans les instructions données dans la plupart des centres. Lorsque nous aurons réuni les documents suffisants, nous les résumerons en un corps de doctrine méthodique, qui sera soumise au contrôle universel ; jusque-là ce ne sont que des jalons posés sur la route pour l'éclairer.
On nous écrit de Dieppe :
« … Il me semble, cher monsieur, que nous touchons à une époque où doivent s'accomplir d'incroyables choses. Je ne sais que penser d'un phénomène des plus étranges qui vient encore d'avoir lieu chez moi. Dans le temps de scepticisme où nous vivons, je n'oserais en parler à personne, de peur qu'on ne me prenne pour un halluciné ; mais, au risque, cher monsieur, d'amener sur vos lèvres le sourire du doute, je veux vous raconter le fait ; futile en apparence, au fond, il est peut-être plus sérieux qu'on ne le pourrait croire.
Feu mon pauvre fils, décédé à Boulogne-sur-Mer, où il continuait ses études, avait eu d'un de ses amis une charmante petite levrette que nous avions élevée avec un soin extrême. Elle était, dans son espèce, la plus adorable petite créature qu'il fût possible d'imaginer. Nous l'aimions comme on aime tout ce qui est beau et bon. Elle nous comprenait au geste, elle nous comprenait au regard. L'expression de ses yeux était telle, qu'il semblait qu'elle allait répondre lorsqu'on lui adressait la parole.
Après le décès de son jeune maître, la petite Mika (c'était son nom) me fut amenée à Dieppe, et, selon son habitude, elle couchait chaudement recouverte à mes pieds, sur mon lit. L'hiver, lorsque le froid sévissait par trop, elle se levait, faisait entendre un petit gémissement d'une extrême douceur, ce qui était sa manière habituelle de formuler une demande, et comprenant ce qu'elle désirait, je lui permettais de venir se mettre à côté de moi. Elle s'étendait alors de son mieux entre deux draps, son petit museau sur mon cou qu'elle aimait pour oreiller, et se livrait au sommeil, comme les heureux de la terre, recevant ma chaleur, me communiquant la sienne, ce qui ne me déplaisait pas du reste. Avec moi, la pauvre petite passait d'heureux jours. Mille choses douces ne lui faisaient pas défaut ; mais, en septembre dernier, tomba malade et mourut, malgré les soins du vétérinaire à qui je l'avais confiée. Nous parlions souvent d'elle, ma femme et moi, et nous la regrettions presque comme un enfant aimé, tant elle avait su, par sa douceur, son intelligence, son fidèle attachement, captiver notre affection.
Dernièrement, vers le milieu de la nuit, étant couché mais ne dormant pas, j'entends partir du pied de mon lit ce petit gémissement que poussait ma petite chienne lorsqu'elle désirait quelque chose. J'en fus tellement frappé, que j'étendis les bras hors du lit comme pour l'attirer vers moi, et je crus en vérité que j'allais sentir ses caresses. A mon lever le matin, je raconte le fait à ma femme qui me dit : « J'ai entendu la même voix, non pas une seule fois, mais deux. Elle semblait partir de la porte de ma chambre. Ma première pensée fut que notre pauvre petite chienne n'était pas morte, et, qu'échappée de chez le vétérinaire qui se l'était appropriée pour sa gentillesse, elle demandait à rentrer chez nous. »
« Ma pauvre fille malade, qui a sa couchette dans la chambre de sa mère, affirme l'avoir entendue également. Seulement, il lui a semblé que le son de voix partait, non de la porte d'entrée, mais du lit même de sa mère qui est tout près de cette porte.
Il faut vous dire, cher monsieur, que la chambre à coucher de ma femme est située au-dessus de la mienne. Ces sons étranges provenaient-ils de la rue comme ma femme le croit, elle qui ne partage pas mes convictions spirites ? C'est impossible. Partis de la rue, ces sons si doux n'auraient pu frapper mon oreille, je suis tellement atteint de surdité, que, même dans le silence de la nuit, je ne puis entendre le bruit d'un lourd chariot qui passe. Je n'entends même pas la grande voix du tonnerre en temps d'orage. D'un autre côté, le son de voix parti de la rue, comment s'expliquer l'illusion de ma femme et de ma fille qui ont cru l'entendre, comme venant d'un point tout opposé, de la porte d'entrée pour ma femme, du lit de celle-ci pour ma fille ?
Je vous avoue, cher monsieur, que ces faits, quoiqu'ils se rapportent à un être privé de raison, me font singulièrement réfléchir. Que penser de cela ? Je n'ose rien décider et je n'ai pas le loisir de m'étendre longuement sur ce sujet ; mais je me demande si le principe immatériel, qui doit survivre chez les animaux comme chez l'homme, n'acquerrait pas, à un certain degré, la faculté de communication comme l'âme humaine. Qui sait ! connaissons-nous tous les secrets de la nature ? Évidemment non. Qui expliquera les lois des affinités ? qui expliquera les lois répulsives ? personne. Si l'affection, qui est du domaine du sentiment, comme le sentiment est du domaine de l'âme, possède en soi une force attractive, qu'y aurait-il d'étonnant à ce qu'un pauvre petit animal à l'état immatériel se sente entraîné là où son affection le porte ? Mais le son de voix, dira-t-on, comment l'admettre, et s'il s'est fait entendre une fois, deux fois, pourquoi pas tous les jours ? Cette objection peut paraître sérieuse ; toutefois, serait-il déraisonnable de penser que ce son ne puisse se produire en dehors de certaines combinaisons de fluides, lesquels réunis agissent en un sens quelconque, comme se produisent en chimie certaines effervescences, certaines explosions, par suite du mélange de telles ou telles matières ? Que cette hypothèse paraisse fondée ou non, je ne la discute pas, je dirai seulement qu'elle peut être dans les choses possibles, et sans aller plus avant, j'ajouterai que je constate un fait appuyé d'un triple témoignage, et que si ce fait s'est produit, c'est qu'il a pu se produire. Au surplus, attendons que le temps nous éclaire, nous ne tarderons peut-être pas à entendre parler de phénomènes de même nature. »
Notre honorable correspondant fait sagement de ne pas trancher la question ; d'un seul fait qui n'est encore qu'une probabilité, il ne tire pas une conclusion absolue ; il constate, observe en attendant que la lumière se fasse. Ainsi le veut la prudence. Les faits de ce genre ne sont encore ni assez nombreux, ni assez avérés pour en déduire une théorie affirmative ou négative. La question du principe et de la fin de l'esprit des animaux commence seulement à se débrouiller, et le fait dont il s'agit s'y rattache essentiellement. Si ce n'est pas une illusion, il constate tout au moins le lien d'affinité qui existe entre l'Esprit des animaux, ou mieux de certains animaux et celui de l'homme. Il paraît, du reste, positivement prouvé qu'il est des animaux qui voient les Esprits et en sont impressionnés ; nous en avons rapporté plusieurs exemples dans la Revue, entre autres celui de l'Esprit et le petit chien, dans le numéro de juin 1860. Si les animaux voient les Esprits, ce n'est évidemment pas par les yeux du corps ; ils ont donc aussi une sorte de vue spirituelle.
Jusqu'à présent, la science n'a fait que constater les rapports physiologiques entre l'homme et les animaux ; elle nous montre, au physique, tous les anneaux de la chaîne des êtres sans solution de continuité ; mais entre le principe spirituel des deux Esprits il existait un abîme ; si les faits psychologiques, mieux observés, viennent jeter un pont sur cet abîme, ce sera un nouveau pas de fait vers l'unité de l'échelle des êtres et de la création. Ce n'est point par des systèmes qu'on peut résoudre cette grave question, c'est par les faits ; si elle doit l'être un jour, le Spiritisme, en créant la psychologie expérimentale, pourra seul en fournir les moyens. Dans tous les cas, s'il existe des points de contact entre l'âme animale et l'âme humaine, ce ne peut être, du côté de la première, que de la part des animaux les plus avancés. Un fait important à constater, c'est que, parmi les êtres du monde spirituel, il n'a jamais été fait mention qu'il existât des Esprits d'animaux. Il semblerait en résulter que ceux-ci ne conservent pas leur individualité après la mort, et, d'un autre côté, cette levrette qui se serait manifestée paraîtrait prouver le contraire.
On voit d'après cela que la question est encore peu avancée, et qu'il ne faut pas se hâter de la résoudre. La lettre ci-dessus ayant été lue à la société de Paris, la communication suivante fut donnée à ce sujet.
Paris, 21 avril 1865. – Médium, M. E. Vézy.
Je vais toucher à une grave question ce soir, en vous parlant des rapports qui peuvent exister entre l'animalité et l'humanité. Mais dans cette enceinte, quand, pour la première fois, mes instructions vous enseignaient la solidarité de toutes les existences et les affinités qui existent entre elles, un murmure s'est élevé dans une partie de cette assemblée, et je me suis tu. Devrais-je faire de même aujourd'hui, malgré vos questions ? Non, puisque enfin je vous vois entrer dans la voie que je vous indiquais.
Mais tout ne s'arrête point à croire seulement au progrès incessant de l'Esprit, embryon dans la matière et se développant en passant par l'étamine du minéral, du végétal, de l'animal, pour arriver à l'humanimalité où commence à s'essayer seule l'âme qui s'incarnera, fière de sa tâche, dans l'humanité. Il existe entre ces différentes phases des liens importants qu'il est nécessaire de connaître et que j'appellerai périodes intermédiaires ou latentes ; car c'est là que s'opèrent les transformations successives. Je vous parlerai plus tard des liens qui rattachent le minéral au végétal, le végétal à l'animal ; puisqu'un phénomène qui vous étonne nous amène aux liens qui rattachent l'animal à l'homme, je vais vous entretenir de ces derniers.
Entre les animaux domestiques et l'homme, les affinités sont produites par les charges fluidiques qui vous entourent et retombent sur eux ; c'est un peu l'humanité qui déteint sur l'animalité, sans altérer les couleurs de l'un ou de l'autre ; de là cette supériorité intelligente du chien sur l'instinct brutal de la bête sauvage, et c'est à cette cause seule que pourront être dues ces manifestations que l'on vient de vous lire. On ne s'est donc point trompé en entendant un cri joyeux de l'animal reconnaissant des soins de son maître, et venant, avant de passer à l'état intermédiaire d'un développement à l'autre, lui apporter un souvenir. La manifestation peut donc avoir lieu, mais elle est passagère, car à l'animal, pour monter d'un degré, il faut un travail latent qui annihile, pour tous, tout signe extérieur de vie. Cet état est la chrysalide spirituelle où s'élabore l'âme, périsprit informe n'ayant aucune figure reproductive de traits, se brisant dans un état de maturité, pour laisser échapper, dans des courants qui les emportent, les germes d'âmes qui y sont éclos. Il nous serait donc difficile de vous parler des Esprits de bêtes de l'espace, il n'en existe point, ou plutôt leur passage est si prompt qu'il est comme nul, et qu'à l'état de chrysalide, ils ne sauraient être décrits.
Vous savez déjà que rien ne meurt de la matière qui s'affaisse ; quand un corps se dissout, les éléments divers dont il est composé lui réclament la part qu'il lui ont donnée : oxygène, hydrogène, azote, carbone retournent à leur foyer primitif pour alimenter d'autres corps ; il en est de même pour la partie spirituelle : les fluides organisés spirituels saisissent au passage couleurs, parfums, instincts, jusqu'à la constitution définitive de l'âme.
Me comprenez-vous bien ? J'aurais sans doute besoin de mieux m'expliquer, mais pour terminer ce soir, et ne point vous faire supposer l'impossible, je vous assure que ce qui est du domaine de l'intelligence animale ne peut se reproduire par l'intelligence humaine, c'est-à-dire que l'animal, quel qu'il soit, ne peut rendre sa pensée par le langage humain ; ses idées ne sont que rudimentaires ; pour avoir la possibilité de s'exprimer comme le ferait l'Esprit d'un homme, il lui faudrait des idées, des connaissances et un développement qu'il n'a pas, qu'il ne peut pas avoir. Tenez donc pour certain que ni chien, chat, âne, cheval ou éléphant ne peuvent se manifester par voie médianimique. Les Esprits arrivés au degré de l'humanité peuvent seuls le faire, et encore en raison de leur avancement, car l'Esprit d'un sauvage ne pourra vous parler comme celui d'un homme civilisé.
Remarque. Ces dernières réflexions de l'Esprit ont été motivées par la citation faite dans la séance de personnes qui avaient prétendu avoir reçu des communications de divers animaux. Comme explication du fait précité, sa théorie est rationnelle et elle concorde, pour le fond, avec celle qui prévaut aujourd'hui dans les instructions données dans la plupart des centres. Lorsque nous aurons réuni les documents suffisants, nous les résumerons en un corps de doctrine méthodique, qui sera soumise au contrôle universel ; jusque-là ce ne sont que des jalons posés sur la route pour l'éclairer.
Considérations sur les bruits de Poitiers
Tirées du Journal de la Vienne du 22 novembre 1864
On connaît la logique des adversaires du Spiritisme ; l'extrait suivant d'un article signé David (de Thiais), en fournit un échantillon.
« Ami lecteur, vous devez avoir comme moi, sur votre bureau, une petite brochure de M. Boreau, de Niort, qui porte pour titre : Comment et pourquoi je suis devenu Spirite, in-8° avec fac simile d'autographe de l'écriture directe d'un Esprit familier.
C'est la plus curieuse des histoires, celle d'un homme sincère, convaincu, aimant des choses élevées, mais qui déifie ses illusions et court sans cesse après des rêves, croyant saisir la réalité. En poursuivant avec Jeanne la somnambule un trésor enseveli dans un ancien champ de bataille de la Vendée, il trouve, au lieu de l'or qui lui est promis, des Esprits tracassiers, méchants, redoutables, qui font presque mourir sa compagne de terreur et le jettent lui-même en proie aux plus douloureuses angoisses ; et soudain il devient Spirite, comme si les apparitions qui l'obsèdent renouvelaient pour lui les miracles de la lampe merveilleuse, et lui prodiguaient à la fois tous les biens du corps et de l'âme.
Il faut que la fiction soit un des plus grands besoins du génie humain, pour que de pareilles croyances deviennent possibles.
Il y a là des génies farceurs, qui se moquent ; des Esprits cruels, qui menacent et qui frappent ; des Esprits grossiers, qui ont sans cesse l'injure à la bouche, et l'on se demande ce qu'ils reviennent faire ici-bas, puisque la mort ne les a pas épurés dans son redoutable creuset.
On s'y repaît aussi des distiques et des quatrains d'un bon ange, qui n'a pas pris au ciel les secrets de sa poésie, tant une idée préconçue nous mène loin dans le chemin des illusions.
En matière de Spiritisme, M. Boreau a la foi du charbonnier ; il va même jusqu'à aimer ceux qui le frappent et le molestent. Nous n'avons rien à y redire, d'autant plus que sa brochure contient des pages très amusantes, et prouve qu'il peut se passer facilement des Esprits extérieurs, puisque le sien doit grandement lui suffire.
Seulement, nous dirons que les faits qu'il relate ne datent pas d'hier.
On se rappelle encore l'émoi qui s'empara de la ville de Poitiers, quand la maison de la rue Saint-Paul fit entendre, l'année dernière, sa formidable artillerie. Une longue procession de curieux s'enroula pendant huit jours autour de cette demeure hantée par le démon ; la police y mit son quartier général, et chacun guetta le vol des Esprits pour surprendre une bonne fois les secrets de l'autre monde ; mais on n'y vit que du feu. Les Esprits ne se révèlent qu'aux croyants, tout en faisant beaucoup de bruit dans le monde. (Revue spirite, février, mars, mai 1864.)
Chose étrange, lecteur ! ces parages semblent avoir le monopole de cette race bruyante et gouailleuse.
Gorre, célèbre médecin allemand, mort en 1836, nous apprend, dans le tome III de sa Mystique, d'après le dire de Guillaume d'Auvergne, décédé en 1249, évêque de Paris, que, vers le même temps, un Esprit frappeur s'était introduit dans une maison dudit quartier Saint-Paul, à Poitiers, et qu'il y jetait des pierres et brisait les vitres.
Pierre Mamoris, professeur de théologie en notre université, auteur du Flagellum maleficorum, raconte ce qui se passa, en 1447, rue Saint-Paul, dans une maison où certain Esprit, se livrant à ses évolutions ordinaires, lançait des pierres, remuait les meubles, brisait les vitres, frappait même les gens, mais légèrement, sans qu'il fût possible de découvrir comment il s'y prenait.
On raconte, à cette occasion, que Jean Delorme, alors curé de Saint-Paul, homme de beaucoup d'instruction et de grande probité, vint, accompagné de quelques personnes, visiter le théâtre de ces étranges exploits, et, muni de cierges bénits et allumés, d'eau bénite et d'eau grégorienne, parcourut tous les appartements de ce logis, qu'il aspergea en les exorcisant.
Mais tous les exorcismes furent impuissants ; aucun diable ne se montra. Cependant, à partir de ce moment, le malin Esprit cessa de se manifester[1].
Ainsi, à quelques siècles de distance, les mêmes phénomènes spirites se reproduisent trois fois dans la même ville et le même quartier ; mais qu'en faut-il conclure ? Rien absolument. Il n'y a, en effet, aucune conséquence importante à tirer d'un vain bruit, de puérils amusements, de voies de fait regrettables, qu'on ne peut évidemment attribuer aux Esprits, corps impondérables qui, planant sur le monde, doivent échapper aux infirmités humaines en se rapprochant sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu.
Cette question, du reste, n'est pas en discussion. Chacun est libre de choisir ses Esprits, de les adorer à sa guise, de leur prêter une vertu, un pouvoir, un caractère conforme à ses aspirations. Seulement, nous préférons aux génies quelque peu matériels de l'école moderne les créations charmantes nées de la poésie des anciens jours, et qui, marchant fraternellement avec l'homme sur la limite des deux mondes, leur donnaient si doucement la main pour les rapprocher des sources de la vie immortelle et de félicité sans fin.
Nul Esprit frappeur ne vaudra même pour nous ces adorables images peintes par le génie d'Ossian sur les nuages vaporeux du Nord, et dont les harpes mélancoliques font si bien frémir encore les fibres les plus intimes du cœur. Quand l'âme s'envole, elle prend soin d'alléger ses ailes et repousse tout ce qui peut les alourdir. »
Nous devons des remerciements à l'auteur de cet article, pour nous avoir fait connaître ce fait remarquable que nous ignorions du même phénomène reproduit dans la même localité, à plusieurs siècles de distance ; il ne pouvait mieux servir notre cause sans s'en douter, car de cette répétition il prétend tirer un argument contre les manifestations. Il nous semble qu'en bonne logique, lorsqu'un fait est unique et isolé, on n'en peut déduire de conséquence absolue, parce qu'il peut être dû à une cause accidentelle, tandis que, lorsqu'il se renouvelle dans des conditions identiques, c'est qu'il dépend d'une cause constante, autrement dit d'une loi. Rechercher cette loi est le devoir de tout observateur sérieux, car elle peut mener à des découvertes importantes.
Que, malgré la durée, le caractère spécial et les circonstances accessoires des bruits de Poitiers, quelques personnes aient persisté à les attribuer à la malveillance, on le comprend jusqu'à un certain point ; mais alors que c'est pour la troisième fois qu'ils se renouvellent dans la même rue, à plusieurs siècles de distance, il y a certes matière à réflexion, car, si malintentionnés il y a, il n'est guère probable qu'à un aussi long intervalle, ils aient choisi précisément le même lieu pour le théâtre de leurs exploits. Cependant, qu'en faut-il conclure ? dit l'auteur : Rien absolument. Ainsi, de ce qu'un fait qui met, à plusieurs reprises, en émoi toute une population, il n'y a aucune conséquence importante à en tirer ! Singulière logique en vérité ! « Ce sont de vains bruits, de puérils amusements qu'on ne peut évidemment attribuer aux Esprits, corps impondérables qui, planant sur le monde, doivent échapper aux infirmités humaines en se rapprochant sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu. » M. David croit donc aux Esprits, puisqu'il décrit leurs attributs avec tant de précision. Où a-t-il puisé cette connaissance ? Qui lui dit que les Esprits sont tels qu'il se le figure ? Les a-t-il étudiés pour trancher ainsi la question ? « Ils doivent, dit-il, échapper aux infirmités humaines ; » aux infirmités corporelles, sans doute, mais aux infirmités morales, en est-il de même ? Croit-il donc que l'homme pervers, le meurtrier, le bandit, le plus vil malfaiteur et lui seront au même niveau quand ils seront Esprits ? A quoi leur aurait-il servi d'être honnêtes pendant leur vie, puisqu'ils seront autant après leur mort que s'ils l'avaient été ? Puisque les Esprits se rapprochent sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu, ce qui est plus vrai que l'auteur ne le croit peut-être, il a donc été un temps où ils en étaient loin, car, pour se rapprocher d'un but, il faut en avoir été éloigné. Où est le point de départ ? Il ne peut être qu'à l'opposé de la perfection, c'est-à-dire dans l'imperfection. Assurément ce ne sont pas des Esprits parfaits qui s'amusent à de pareilles choses ; mais s'il y en a d'imparfaits, quoi d'étonnant qu'ils commettent des malices ? De ce qu'ils planent sur le monde, s'ensuit-il qu'ils ne peuvent s'en rapprocher ? Il serait superflu de pousser plus loin cette réfutation. Les arguments de nos adversaires étant à peu près tous de la même force, nous n'aurions même pas relevé cet article, sans le précieux document qu'il renferme, et dont nous remercions de nouveau l'auteur.
[1] Voir la brochure de M. Bonsergent, à la bibliothèque impériale.
On connaît la logique des adversaires du Spiritisme ; l'extrait suivant d'un article signé David (de Thiais), en fournit un échantillon.
« Ami lecteur, vous devez avoir comme moi, sur votre bureau, une petite brochure de M. Boreau, de Niort, qui porte pour titre : Comment et pourquoi je suis devenu Spirite, in-8° avec fac simile d'autographe de l'écriture directe d'un Esprit familier.
C'est la plus curieuse des histoires, celle d'un homme sincère, convaincu, aimant des choses élevées, mais qui déifie ses illusions et court sans cesse après des rêves, croyant saisir la réalité. En poursuivant avec Jeanne la somnambule un trésor enseveli dans un ancien champ de bataille de la Vendée, il trouve, au lieu de l'or qui lui est promis, des Esprits tracassiers, méchants, redoutables, qui font presque mourir sa compagne de terreur et le jettent lui-même en proie aux plus douloureuses angoisses ; et soudain il devient Spirite, comme si les apparitions qui l'obsèdent renouvelaient pour lui les miracles de la lampe merveilleuse, et lui prodiguaient à la fois tous les biens du corps et de l'âme.
Il faut que la fiction soit un des plus grands besoins du génie humain, pour que de pareilles croyances deviennent possibles.
Il y a là des génies farceurs, qui se moquent ; des Esprits cruels, qui menacent et qui frappent ; des Esprits grossiers, qui ont sans cesse l'injure à la bouche, et l'on se demande ce qu'ils reviennent faire ici-bas, puisque la mort ne les a pas épurés dans son redoutable creuset.
On s'y repaît aussi des distiques et des quatrains d'un bon ange, qui n'a pas pris au ciel les secrets de sa poésie, tant une idée préconçue nous mène loin dans le chemin des illusions.
En matière de Spiritisme, M. Boreau a la foi du charbonnier ; il va même jusqu'à aimer ceux qui le frappent et le molestent. Nous n'avons rien à y redire, d'autant plus que sa brochure contient des pages très amusantes, et prouve qu'il peut se passer facilement des Esprits extérieurs, puisque le sien doit grandement lui suffire.
Seulement, nous dirons que les faits qu'il relate ne datent pas d'hier.
On se rappelle encore l'émoi qui s'empara de la ville de Poitiers, quand la maison de la rue Saint-Paul fit entendre, l'année dernière, sa formidable artillerie. Une longue procession de curieux s'enroula pendant huit jours autour de cette demeure hantée par le démon ; la police y mit son quartier général, et chacun guetta le vol des Esprits pour surprendre une bonne fois les secrets de l'autre monde ; mais on n'y vit que du feu. Les Esprits ne se révèlent qu'aux croyants, tout en faisant beaucoup de bruit dans le monde. (Revue spirite, février, mars, mai 1864.)
Chose étrange, lecteur ! ces parages semblent avoir le monopole de cette race bruyante et gouailleuse.
Gorre, célèbre médecin allemand, mort en 1836, nous apprend, dans le tome III de sa Mystique, d'après le dire de Guillaume d'Auvergne, décédé en 1249, évêque de Paris, que, vers le même temps, un Esprit frappeur s'était introduit dans une maison dudit quartier Saint-Paul, à Poitiers, et qu'il y jetait des pierres et brisait les vitres.
Pierre Mamoris, professeur de théologie en notre université, auteur du Flagellum maleficorum, raconte ce qui se passa, en 1447, rue Saint-Paul, dans une maison où certain Esprit, se livrant à ses évolutions ordinaires, lançait des pierres, remuait les meubles, brisait les vitres, frappait même les gens, mais légèrement, sans qu'il fût possible de découvrir comment il s'y prenait.
On raconte, à cette occasion, que Jean Delorme, alors curé de Saint-Paul, homme de beaucoup d'instruction et de grande probité, vint, accompagné de quelques personnes, visiter le théâtre de ces étranges exploits, et, muni de cierges bénits et allumés, d'eau bénite et d'eau grégorienne, parcourut tous les appartements de ce logis, qu'il aspergea en les exorcisant.
Mais tous les exorcismes furent impuissants ; aucun diable ne se montra. Cependant, à partir de ce moment, le malin Esprit cessa de se manifester[1].
Ainsi, à quelques siècles de distance, les mêmes phénomènes spirites se reproduisent trois fois dans la même ville et le même quartier ; mais qu'en faut-il conclure ? Rien absolument. Il n'y a, en effet, aucune conséquence importante à tirer d'un vain bruit, de puérils amusements, de voies de fait regrettables, qu'on ne peut évidemment attribuer aux Esprits, corps impondérables qui, planant sur le monde, doivent échapper aux infirmités humaines en se rapprochant sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu.
Cette question, du reste, n'est pas en discussion. Chacun est libre de choisir ses Esprits, de les adorer à sa guise, de leur prêter une vertu, un pouvoir, un caractère conforme à ses aspirations. Seulement, nous préférons aux génies quelque peu matériels de l'école moderne les créations charmantes nées de la poésie des anciens jours, et qui, marchant fraternellement avec l'homme sur la limite des deux mondes, leur donnaient si doucement la main pour les rapprocher des sources de la vie immortelle et de félicité sans fin.
Nul Esprit frappeur ne vaudra même pour nous ces adorables images peintes par le génie d'Ossian sur les nuages vaporeux du Nord, et dont les harpes mélancoliques font si bien frémir encore les fibres les plus intimes du cœur. Quand l'âme s'envole, elle prend soin d'alléger ses ailes et repousse tout ce qui peut les alourdir. »
Nous devons des remerciements à l'auteur de cet article, pour nous avoir fait connaître ce fait remarquable que nous ignorions du même phénomène reproduit dans la même localité, à plusieurs siècles de distance ; il ne pouvait mieux servir notre cause sans s'en douter, car de cette répétition il prétend tirer un argument contre les manifestations. Il nous semble qu'en bonne logique, lorsqu'un fait est unique et isolé, on n'en peut déduire de conséquence absolue, parce qu'il peut être dû à une cause accidentelle, tandis que, lorsqu'il se renouvelle dans des conditions identiques, c'est qu'il dépend d'une cause constante, autrement dit d'une loi. Rechercher cette loi est le devoir de tout observateur sérieux, car elle peut mener à des découvertes importantes.
Que, malgré la durée, le caractère spécial et les circonstances accessoires des bruits de Poitiers, quelques personnes aient persisté à les attribuer à la malveillance, on le comprend jusqu'à un certain point ; mais alors que c'est pour la troisième fois qu'ils se renouvellent dans la même rue, à plusieurs siècles de distance, il y a certes matière à réflexion, car, si malintentionnés il y a, il n'est guère probable qu'à un aussi long intervalle, ils aient choisi précisément le même lieu pour le théâtre de leurs exploits. Cependant, qu'en faut-il conclure ? dit l'auteur : Rien absolument. Ainsi, de ce qu'un fait qui met, à plusieurs reprises, en émoi toute une population, il n'y a aucune conséquence importante à en tirer ! Singulière logique en vérité ! « Ce sont de vains bruits, de puérils amusements qu'on ne peut évidemment attribuer aux Esprits, corps impondérables qui, planant sur le monde, doivent échapper aux infirmités humaines en se rapprochant sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu. » M. David croit donc aux Esprits, puisqu'il décrit leurs attributs avec tant de précision. Où a-t-il puisé cette connaissance ? Qui lui dit que les Esprits sont tels qu'il se le figure ? Les a-t-il étudiés pour trancher ainsi la question ? « Ils doivent, dit-il, échapper aux infirmités humaines ; » aux infirmités corporelles, sans doute, mais aux infirmités morales, en est-il de même ? Croit-il donc que l'homme pervers, le meurtrier, le bandit, le plus vil malfaiteur et lui seront au même niveau quand ils seront Esprits ? A quoi leur aurait-il servi d'être honnêtes pendant leur vie, puisqu'ils seront autant après leur mort que s'ils l'avaient été ? Puisque les Esprits se rapprochent sans cesse de la lumière et de la bonté de Dieu, ce qui est plus vrai que l'auteur ne le croit peut-être, il a donc été un temps où ils en étaient loin, car, pour se rapprocher d'un but, il faut en avoir été éloigné. Où est le point de départ ? Il ne peut être qu'à l'opposé de la perfection, c'est-à-dire dans l'imperfection. Assurément ce ne sont pas des Esprits parfaits qui s'amusent à de pareilles choses ; mais s'il y en a d'imparfaits, quoi d'étonnant qu'ils commettent des malices ? De ce qu'ils planent sur le monde, s'ensuit-il qu'ils ne peuvent s'en rapprocher ? Il serait superflu de pousser plus loin cette réfutation. Les arguments de nos adversaires étant à peu près tous de la même force, nous n'aurions même pas relevé cet article, sans le précieux document qu'il renferme, et dont nous remercions de nouveau l'auteur.
[1] Voir la brochure de M. Bonsergent, à la bibliothèque impériale.
Entretiens d'outre-tombe - Le docteur Vignal
Société de Paris, 31 mars 1865. - Médium, M. Desliens
Nos lecteurs se rappellent sans doute les intéressantes études sur l'Esprit de personnes vivantes publiées dans la Revue de janvier et mars 1860, et auxquelles s'étaient soumis M. le comte de R… et M. le docteur Vignal. Ce dernier, retiré depuis plusieurs années, est mort le 27 mars 1865. La veille de l'enterrement, nous demandâmes à un somnambule très lucide et qui voit très bien les Esprits, s'il le voyait. « Je vois, dit-il, un cadavre dans lequel s'opère un travail extraordinaire ; on dirait une masse qui s'agite, et comme quelque chose qui fait des efforts pour s'en dégager, mais qui a de la peine à vaincre la résistance. Je ne distingue pas de forme d'Esprit bien déterminée. » Le 31 mars il a été évoqué à la société de Paris. Le même somnambule assistait endormi à la séance pendant l'évocation. Il le vit et le décrivit parfaitement pendant qu'il se communiquait au médium de son choix.
Nous disons de son choix, parce que l'expérience démontre l'inconvénient d'imposer un médium à l'Esprit qui peut ne pas trouver en lui les conditions nécessaires pour se communiquer librement. Lorsqu'on fait l'évocation d'un Esprit pour la première fois, il convient que tous les médiums présents se mettent à sa disposition, et attendent qu'il se manifeste par l'un d'eux. Dans cette séance il y avait onze médiums.
Demande. – Cher M. Vignal, tous vos anciens collègues de la société de Paris ont conservé de vous le meilleur souvenir, et moi en particulier celui des excellents rapports qui n'ont pas discontinué entre nous. En vous appelant parmi nous, nous avons d'abord pour but de vous donner un témoignage de sympathie, et nous serons très heureux si vous voulez bien, ou si vous pouvez venir vous entretenir avec nous. - R. Cher ami et digne maître, votre bon souvenir et vos témoignages de sympathie me sont très sensibles. Si je puis venir à vous aujourd'hui et assister libre et dégagé à cette réunion de tous nos bons amis et frères Spirites, c'est grâce à votre bonne pensée et à l'assistance que vos prières m'ont apportée. Comme le disait avec justesse mon jeune secrétaire, j'étais très impatient de me communiquer ; depuis le commencement de cette soirée, j'ai employé toutes mes forces spirituelles à dominer ce désir ; vos entretiens et les graves questions que vous avez agitées, en m'intéressant vivement, ont rendu mon attente moins pénible. Pardonnez, cher ami, mais ma reconnaissance demandait à se manifester.
Nota. – Dès qu'il fut question de M. Vignal, le médium ressentit en effet l'influence de cet Esprit qui désirait se communiquer par lui.
D. Veuillez d'abord nous dire comment vous vous trouvez dans le monde des Esprits. Veuillez en même temps nous décrire le travail de la séparation, vos sensations à ce moment là, et nous dire au bout de combien de temps vous vous êtes reconnu. - R. Je suis aussi heureux qu'on peut l'être, lorsqu'on voit se confirmer pleinement toutes les pensées secrètes que l'on peut avoir émises sur une doctrine consolante et réparatrice. Je suis heureux ! oui, je le suis, car maintenant je vois sans aucun obstacle se développer devant moi l'avenir de la science et de la philosophie spirites.
Mais écartons pour aujourd'hui ces digressions inopportunes ; je viendrai de nouveau vous entretenir à ce sujet, sachant que ma présence vous procurera autant de plaisir que j'en éprouve moi-même à vous visiter.
Le déchirement a été assez rapide ; plus rapide que mon peu de mérite ne me le faisait espérer. J'ai été aidé puissamment par votre concours, et votre somnambule vous a donné une idée assez nette du phénomène de la séparation, pour que je n'y insiste pas. C'était une sorte d'oscillation discontinue, une espèce d'entraînement en deux sens opposés ; l'Esprit a triomphé, puisque je suis ici. Je n'ai complètement quitté le corps qu'au moment où il a été déposé en terre ; je suis revenu avec vous.
D. Que pensez-vous du service qui a été fait pour vos funérailles ? Je me suis fait un devoir d'y assister. A ce moment étiez-vous assez dégagé pour le voir, et les prières que j'ai dites pour vous (non ostensiblement bien entendu) ont-elles été jusqu'à vous ? – R. Oui ; comme je vous l'ai dit, votre assistance a tout fait en partie, et je suis revenu avec vous abandonnant complètement ma vieille chrysalide. Les choses matérielles me touchent peu, vous le savez de reste. Je ne pensais qu'à l'âme et à Dieu.
D. Vous rappelez-vous que, sur votre demande, il y a cinq ans, au mois de février 1860, nous avons fait une étude sur vous étant encore vivant ? A ce moment-là votre Esprit s'est dégagé pour venir s'entretenir avec nous. Veuillez nous décrire, autant que possible, la différence qui existe entre votre dégagement actuel et celui d'alors ? - R. Oui, certes, je m'en souviens ; mais quelle différence entre mon état d'alors et celui d'aujourd'hui ! alors la matière m'étreignait encore de son réseau inflexible ; je voulais me détacher d'une manière plus absolue, et je ne le pouvais. Aujourd'hui je suis libre. Un vaste champ, celui de l'inconnu, s'ouvre devant moi, et j'espère, avec votre aide et celui des bons Esprits auxquels je me recommande, avancer et me pénétrer le plus rapidement possible des sentiments qu'il faut éprouver, et des actes qu'il faut accomplir pour gravir le sentier de l'épreuve et mériter le monde des récompenses. Quelle majesté ! quelle grandeur ! c'est presque un sentiment d'effroi qui domine alors que, faibles comme nous le sommes, nous voulons fixer les sublimes clartés.
D. Une autre fois nous serons heureux de continuer cet entretien, quand vous voudrez bien revenir parmi nous. – R. J'ai répondu succinctement et sans suite à vos diverses questions. Ne demandez pas trop encore de votre fidèle disciple : je ne suis pas entièrement libre. Causer, causer encore serait mon bonheur ; mon guide modère mon enthousiasme, et j'ai déjà pu assez apprécier sa bonté et sa justice pour me soumettre entièrement à sa décision, quelque regret que j'éprouve d'être interrompu. Je me console en pensant que je pourrai souvent venir assister incognito à vos réunions. Quelquefois je vous parlerai ; je vous aime et veux vous le prouver. Mais d'autres Esprits plus avancés que moi réclament la priorité, et je devrais m'effacer devant ceux qui ont bien voulu permettre à mon esprit de donner un libre essor au torrent de pensées que j'y avais rassemblées.
Je vous quitte, amis, et dois remercier doublement, non-seulement vous Spirites, qui m'avez appelé, mais aussi cet Esprit qui a bien voulu permettre que je prisse sa place, et qui, de son vivant, portait le nom illustre de Pascal.
Celui qui fut et qui sera toujours le plus dévoué de vos adeptes.
Dr Vignal.
Nota. – L'esprit de Pascal a, en effet, donné à la suite la communication publiée ci-après sous le titre de : Le Progrès intellectuel.
Nos lecteurs se rappellent sans doute les intéressantes études sur l'Esprit de personnes vivantes publiées dans la Revue de janvier et mars 1860, et auxquelles s'étaient soumis M. le comte de R… et M. le docteur Vignal. Ce dernier, retiré depuis plusieurs années, est mort le 27 mars 1865. La veille de l'enterrement, nous demandâmes à un somnambule très lucide et qui voit très bien les Esprits, s'il le voyait. « Je vois, dit-il, un cadavre dans lequel s'opère un travail extraordinaire ; on dirait une masse qui s'agite, et comme quelque chose qui fait des efforts pour s'en dégager, mais qui a de la peine à vaincre la résistance. Je ne distingue pas de forme d'Esprit bien déterminée. » Le 31 mars il a été évoqué à la société de Paris. Le même somnambule assistait endormi à la séance pendant l'évocation. Il le vit et le décrivit parfaitement pendant qu'il se communiquait au médium de son choix.
Nous disons de son choix, parce que l'expérience démontre l'inconvénient d'imposer un médium à l'Esprit qui peut ne pas trouver en lui les conditions nécessaires pour se communiquer librement. Lorsqu'on fait l'évocation d'un Esprit pour la première fois, il convient que tous les médiums présents se mettent à sa disposition, et attendent qu'il se manifeste par l'un d'eux. Dans cette séance il y avait onze médiums.
Demande. – Cher M. Vignal, tous vos anciens collègues de la société de Paris ont conservé de vous le meilleur souvenir, et moi en particulier celui des excellents rapports qui n'ont pas discontinué entre nous. En vous appelant parmi nous, nous avons d'abord pour but de vous donner un témoignage de sympathie, et nous serons très heureux si vous voulez bien, ou si vous pouvez venir vous entretenir avec nous. - R. Cher ami et digne maître, votre bon souvenir et vos témoignages de sympathie me sont très sensibles. Si je puis venir à vous aujourd'hui et assister libre et dégagé à cette réunion de tous nos bons amis et frères Spirites, c'est grâce à votre bonne pensée et à l'assistance que vos prières m'ont apportée. Comme le disait avec justesse mon jeune secrétaire, j'étais très impatient de me communiquer ; depuis le commencement de cette soirée, j'ai employé toutes mes forces spirituelles à dominer ce désir ; vos entretiens et les graves questions que vous avez agitées, en m'intéressant vivement, ont rendu mon attente moins pénible. Pardonnez, cher ami, mais ma reconnaissance demandait à se manifester.
Nota. – Dès qu'il fut question de M. Vignal, le médium ressentit en effet l'influence de cet Esprit qui désirait se communiquer par lui.
D. Veuillez d'abord nous dire comment vous vous trouvez dans le monde des Esprits. Veuillez en même temps nous décrire le travail de la séparation, vos sensations à ce moment là, et nous dire au bout de combien de temps vous vous êtes reconnu. - R. Je suis aussi heureux qu'on peut l'être, lorsqu'on voit se confirmer pleinement toutes les pensées secrètes que l'on peut avoir émises sur une doctrine consolante et réparatrice. Je suis heureux ! oui, je le suis, car maintenant je vois sans aucun obstacle se développer devant moi l'avenir de la science et de la philosophie spirites.
Mais écartons pour aujourd'hui ces digressions inopportunes ; je viendrai de nouveau vous entretenir à ce sujet, sachant que ma présence vous procurera autant de plaisir que j'en éprouve moi-même à vous visiter.
Le déchirement a été assez rapide ; plus rapide que mon peu de mérite ne me le faisait espérer. J'ai été aidé puissamment par votre concours, et votre somnambule vous a donné une idée assez nette du phénomène de la séparation, pour que je n'y insiste pas. C'était une sorte d'oscillation discontinue, une espèce d'entraînement en deux sens opposés ; l'Esprit a triomphé, puisque je suis ici. Je n'ai complètement quitté le corps qu'au moment où il a été déposé en terre ; je suis revenu avec vous.
D. Que pensez-vous du service qui a été fait pour vos funérailles ? Je me suis fait un devoir d'y assister. A ce moment étiez-vous assez dégagé pour le voir, et les prières que j'ai dites pour vous (non ostensiblement bien entendu) ont-elles été jusqu'à vous ? – R. Oui ; comme je vous l'ai dit, votre assistance a tout fait en partie, et je suis revenu avec vous abandonnant complètement ma vieille chrysalide. Les choses matérielles me touchent peu, vous le savez de reste. Je ne pensais qu'à l'âme et à Dieu.
D. Vous rappelez-vous que, sur votre demande, il y a cinq ans, au mois de février 1860, nous avons fait une étude sur vous étant encore vivant ? A ce moment-là votre Esprit s'est dégagé pour venir s'entretenir avec nous. Veuillez nous décrire, autant que possible, la différence qui existe entre votre dégagement actuel et celui d'alors ? - R. Oui, certes, je m'en souviens ; mais quelle différence entre mon état d'alors et celui d'aujourd'hui ! alors la matière m'étreignait encore de son réseau inflexible ; je voulais me détacher d'une manière plus absolue, et je ne le pouvais. Aujourd'hui je suis libre. Un vaste champ, celui de l'inconnu, s'ouvre devant moi, et j'espère, avec votre aide et celui des bons Esprits auxquels je me recommande, avancer et me pénétrer le plus rapidement possible des sentiments qu'il faut éprouver, et des actes qu'il faut accomplir pour gravir le sentier de l'épreuve et mériter le monde des récompenses. Quelle majesté ! quelle grandeur ! c'est presque un sentiment d'effroi qui domine alors que, faibles comme nous le sommes, nous voulons fixer les sublimes clartés.
D. Une autre fois nous serons heureux de continuer cet entretien, quand vous voudrez bien revenir parmi nous. – R. J'ai répondu succinctement et sans suite à vos diverses questions. Ne demandez pas trop encore de votre fidèle disciple : je ne suis pas entièrement libre. Causer, causer encore serait mon bonheur ; mon guide modère mon enthousiasme, et j'ai déjà pu assez apprécier sa bonté et sa justice pour me soumettre entièrement à sa décision, quelque regret que j'éprouve d'être interrompu. Je me console en pensant que je pourrai souvent venir assister incognito à vos réunions. Quelquefois je vous parlerai ; je vous aime et veux vous le prouver. Mais d'autres Esprits plus avancés que moi réclament la priorité, et je devrais m'effacer devant ceux qui ont bien voulu permettre à mon esprit de donner un libre essor au torrent de pensées que j'y avais rassemblées.
Je vous quitte, amis, et dois remercier doublement, non-seulement vous Spirites, qui m'avez appelé, mais aussi cet Esprit qui a bien voulu permettre que je prisse sa place, et qui, de son vivant, portait le nom illustre de Pascal.
Celui qui fut et qui sera toujours le plus dévoué de vos adeptes.
Dr Vignal.
Nota. – L'esprit de Pascal a, en effet, donné à la suite la communication publiée ci-après sous le titre de : Le Progrès intellectuel.
Correspondance - Lettres de M. Salgues d'Angers
En nous adressant son opuscule : Le désarroi de
l'empire de Satan, que nous avons annoncé dans notre dernier numéro, M. Salgues
a bien voulu y joindre la lettre suivante que nous sommes heureux de publier
avec son autorisation. Chacun appréciera comme nous les sentiments qui y sont
exprimés.
Angers, 9 mars 1865.
Monsieur et cher frère en Dieu,
C'est sous l'impression que ma causée la lecture des communications des Esprits de madame Foulon et du docteur Demeure (Revue Spirite mars 1865), que j'ai l'honneur de vous écrire pour vous exprimer tout le plaisir que j'y ai trouvé, je puis dire beaucoup d'intérêt, qui est ordinairement le produit de votre plume.
Je viens de mettre à votre adresse une petite brochure que je vous prie d'agréer. Ce sera pour vous et pour tous mes lecteurs une œuvre bien modeste ; mais un vieillard de quatre-vingt-deux ans, ayant la vue ruinée par excès de travail et d'études, et, pour cela, ne pouvant pas retoucher, selon ses désirs, ce qu'il a écrit, doit compter sur l'indulgence du public.
Les adversaires catholiques de la pneumatologie entretiennent chez des fanatiques apostoliques l'opinion que les Esprits sont des démons, que Satan est une réalité, et nuisent ainsi au développement des bonnes doctrines, comme à l'effet des précieuses leçons si morales, si consolantes de ces prétendus lutins. C'est en vain que les personnes raisonnables nient ces derniers par une simple négation persistante ; il convient de prouver aux démonophobes, par des détails étendus, qu'ils sont dans l'erreur ; que l'enfer des chrétiens est un mythe, c'est ce qui m'a déterminé à écrire cet opuscule, sans prétentions à occuper la place d'un écrivain.
Étant abonné aux publications Spirites de Bordeaux, je viens d'envoyer un exemplaire de mon livre à chacun de leurs auteurs. Devait-il en être autrement auprès de vous, monsieur, dont je lis toujours avec empressement les productions depuis leur apparition. Toutefois vous penserez que ce devait être avec timidité, puisque j'ai été adversaire, non des Spirites, très honorables pour moi, mais du Spiritisme ; non d'une manière absolue, mais par entraînement, devant cependant repousser à l'occasion un langage qu'on me prêtait par abus de ma signature ; aussi ai-je fini par m'interdire toute critique, voulant être l'ami de tout le monde. Je ne veux donc plus qu'observer, rapprocher, comparer, attendre, apprendre et juger dans le silence du cabinet. Aujourd'hui je crois encore que nous sommes loin de tout savoir, qu'en Spiritisme comme en spiritualisme il y aurait lieu de discuter avec les Esprits certaines questions de doctrine, mais je m'en tiens au fond ; avec la patience nous arriverons tous à la même fin, au bonheur absolu et à la vie éternelle.
Du reste je vois que le Spiritisme fait partout des heureux ; c'est votre œuvre glorieuse, et je m'applique à faire lire le plus possible les écrits qui se répandent tant aujourd'hui pour raffermir la moralité et les sentiments religieux, poussés dans la voie la plus rationnelle. Les hommes sages doivent donc faire des vœux avec moi pour que Dieu vous accorde de longs jours, en parfaite santé. Je crois qu'il s'est aussi manifesté à mon égard par trois Esprits qui, sans que j'y pensasse, et en différents lieux, m'ont dit que je vivrais longtemps, ce qui date déjà de sept à huit ans. Peut-être est-ce parce que j'ai toujours fait de la propagande avec zèle, sans relâche depuis 1853, qu'à part ma vue que j'ai beaucoup sacrifiée, j'ai la force, l'énergie, la légèreté physique et la vivacité du jeune âge, et que mes années ne se devinent pas à mon aspect.
Veuillez donc agréer, monsieur et cher frère, l'assurance de ma haute considération et mes cordiales salutations.
Salgues.
Une seconde lettre de M. Salgues, du 11 avril 1865, contient le passage suivant :
« Une annonce de mon opuscule a été faite par un journal auquel j'en ai envoyé un exemplaire ; j'ai dû reprocher à l'auteur d'avoir pris sur lui de me dire adversaire implacable du Spiritisme. Sous l'impression de données fournies naguère à Victor Hennequin par un mauvais Esprit, j'ai combattu de bonne foi la doctrine des incarnations ; mais après avoir reconnu un grand nombre d'incohérences spiritualistes, de même que j'ai remarqué dans le Spiritisme certains détails qui ne captivaient pas ma confiance, j'ai fini par me borner à l'observation minutieuse, attendant avec patience le jour où, d'une nature plus parfaite, je pourrai reconnaître la vérité à l'égard de notre destinée après la vie dans la matière. Pour l'instant, il me suffit, par les faits et les communications des Esprits, d'être assuré d'une seconde vie à l'état spirituel. »
Réponse.
« Mon cher monsieur,
J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire, ainsi que la brochure qui l'accompagnait, et dont je vous prie de recevoir mes bien sincères remerciements. Je n'ai point encore eu le temps de prendre connaissance de cet ouvrage, mais je ne doute pas que vous n'y tailliez de la besogne à nos antagonistes. La question du démon est le dernier cheval de bataille auquel ils se cramponnent ; mais ce cheval est bien perclus, et la corde de cette ancre de salut est si usée, qu'elle ne tardera pas à se rompre et à laisser aller le vaisseau à la dérive.
Je suis heureux, monsieur, des excellents sentiments que vous voulez bien me témoigner, et de trouver en vous une modération et une impartialité qui témoignent de l'élévation de votre esprit. Le contraire m'étonnait, je l'avoue, et c'est pour moi un grand bonheur de voir que j'avais été induit en erreur par de fausses apparences. Si nous différons sur quelques points de la doctrine, je vois avec une véritable satisfaction qu'un grand principe nous unit, c'est celui : Hors la charité point de salut.
Recevez, cher monsieur, les fraternelles salutations de votre tout dévoué,
Allan Kardec. »
Angers, 9 mars 1865.
Monsieur et cher frère en Dieu,
C'est sous l'impression que ma causée la lecture des communications des Esprits de madame Foulon et du docteur Demeure (Revue Spirite mars 1865), que j'ai l'honneur de vous écrire pour vous exprimer tout le plaisir que j'y ai trouvé, je puis dire beaucoup d'intérêt, qui est ordinairement le produit de votre plume.
Je viens de mettre à votre adresse une petite brochure que je vous prie d'agréer. Ce sera pour vous et pour tous mes lecteurs une œuvre bien modeste ; mais un vieillard de quatre-vingt-deux ans, ayant la vue ruinée par excès de travail et d'études, et, pour cela, ne pouvant pas retoucher, selon ses désirs, ce qu'il a écrit, doit compter sur l'indulgence du public.
Les adversaires catholiques de la pneumatologie entretiennent chez des fanatiques apostoliques l'opinion que les Esprits sont des démons, que Satan est une réalité, et nuisent ainsi au développement des bonnes doctrines, comme à l'effet des précieuses leçons si morales, si consolantes de ces prétendus lutins. C'est en vain que les personnes raisonnables nient ces derniers par une simple négation persistante ; il convient de prouver aux démonophobes, par des détails étendus, qu'ils sont dans l'erreur ; que l'enfer des chrétiens est un mythe, c'est ce qui m'a déterminé à écrire cet opuscule, sans prétentions à occuper la place d'un écrivain.
Étant abonné aux publications Spirites de Bordeaux, je viens d'envoyer un exemplaire de mon livre à chacun de leurs auteurs. Devait-il en être autrement auprès de vous, monsieur, dont je lis toujours avec empressement les productions depuis leur apparition. Toutefois vous penserez que ce devait être avec timidité, puisque j'ai été adversaire, non des Spirites, très honorables pour moi, mais du Spiritisme ; non d'une manière absolue, mais par entraînement, devant cependant repousser à l'occasion un langage qu'on me prêtait par abus de ma signature ; aussi ai-je fini par m'interdire toute critique, voulant être l'ami de tout le monde. Je ne veux donc plus qu'observer, rapprocher, comparer, attendre, apprendre et juger dans le silence du cabinet. Aujourd'hui je crois encore que nous sommes loin de tout savoir, qu'en Spiritisme comme en spiritualisme il y aurait lieu de discuter avec les Esprits certaines questions de doctrine, mais je m'en tiens au fond ; avec la patience nous arriverons tous à la même fin, au bonheur absolu et à la vie éternelle.
Du reste je vois que le Spiritisme fait partout des heureux ; c'est votre œuvre glorieuse, et je m'applique à faire lire le plus possible les écrits qui se répandent tant aujourd'hui pour raffermir la moralité et les sentiments religieux, poussés dans la voie la plus rationnelle. Les hommes sages doivent donc faire des vœux avec moi pour que Dieu vous accorde de longs jours, en parfaite santé. Je crois qu'il s'est aussi manifesté à mon égard par trois Esprits qui, sans que j'y pensasse, et en différents lieux, m'ont dit que je vivrais longtemps, ce qui date déjà de sept à huit ans. Peut-être est-ce parce que j'ai toujours fait de la propagande avec zèle, sans relâche depuis 1853, qu'à part ma vue que j'ai beaucoup sacrifiée, j'ai la force, l'énergie, la légèreté physique et la vivacité du jeune âge, et que mes années ne se devinent pas à mon aspect.
Veuillez donc agréer, monsieur et cher frère, l'assurance de ma haute considération et mes cordiales salutations.
Salgues.
Une seconde lettre de M. Salgues, du 11 avril 1865, contient le passage suivant :
« Une annonce de mon opuscule a été faite par un journal auquel j'en ai envoyé un exemplaire ; j'ai dû reprocher à l'auteur d'avoir pris sur lui de me dire adversaire implacable du Spiritisme. Sous l'impression de données fournies naguère à Victor Hennequin par un mauvais Esprit, j'ai combattu de bonne foi la doctrine des incarnations ; mais après avoir reconnu un grand nombre d'incohérences spiritualistes, de même que j'ai remarqué dans le Spiritisme certains détails qui ne captivaient pas ma confiance, j'ai fini par me borner à l'observation minutieuse, attendant avec patience le jour où, d'une nature plus parfaite, je pourrai reconnaître la vérité à l'égard de notre destinée après la vie dans la matière. Pour l'instant, il me suffit, par les faits et les communications des Esprits, d'être assuré d'une seconde vie à l'état spirituel. »
Réponse.
« Mon cher monsieur,
J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire, ainsi que la brochure qui l'accompagnait, et dont je vous prie de recevoir mes bien sincères remerciements. Je n'ai point encore eu le temps de prendre connaissance de cet ouvrage, mais je ne doute pas que vous n'y tailliez de la besogne à nos antagonistes. La question du démon est le dernier cheval de bataille auquel ils se cramponnent ; mais ce cheval est bien perclus, et la corde de cette ancre de salut est si usée, qu'elle ne tardera pas à se rompre et à laisser aller le vaisseau à la dérive.
Je suis heureux, monsieur, des excellents sentiments que vous voulez bien me témoigner, et de trouver en vous une modération et une impartialité qui témoignent de l'élévation de votre esprit. Le contraire m'étonnait, je l'avoue, et c'est pour moi un grand bonheur de voir que j'avais été induit en erreur par de fausses apparences. Si nous différons sur quelques points de la doctrine, je vois avec une véritable satisfaction qu'un grand principe nous unit, c'est celui : Hors la charité point de salut.
Recevez, cher monsieur, les fraternelles salutations de votre tout dévoué,
Allan Kardec. »
Manifestations diverses ; guérisons ; pluies de dragées
Lettre de M. Delanne
Notre collègue, M. Delanne, nous écrit en date du 2 avril 1865 :
« Très cher maître, j'ai revu nos frères de Barcelone ; là, comme en France, la doctrine se propage, les adeptes sont zélés et fervents. Dans un groupe que j'ai visité, j'ai vu de dignes émules de ce cher M. Dombre, de Marmande. J'ai constaté la complète guérison d'une dame atteinte d'une obsession effrayante qui datait de quinze ans, au moins, bien avant qu'il fût parlé des Esprits. Médecins, prêtres, exorcismes, tout avait été inutilement employé ; aujourd'hui cette mère de famille est rendue aux siens qui ne cessent de rendre grâces à Dieu d'une si miraculeuse guérison. Deux mois suffirent pour obtenir ce résultat, tant par l'évocation de l'obsesseur que par l'influence de prières collectives et sympathiques.
Dans une autre séance on fit l'évocation de l'Esprit qui obsède depuis dix ans un manœuvrier nommé Joseph, maintenant en voie de guérison. Jamais je n'ai été si péniblement ému qu'en présence des douleurs du patient au moment de l'évocation ; calme d'abord, il est pris tout à coup de soubresauts, de spasmes et de tremblements nerveux ; il est saisi par son ennemi invisible, s'agite dans des convulsions terribles ; la poitrine se gonfle, il étouffe, puis, reprenant sa respiration, il se tord comme un serpent, se roule à terre, se relève d'un bond, se frappe la tête. Il ne prononçait que des mots entrecoupés, surtout le mot : Non ! non ! Le médium, qui est une dame, était en prière ; elle prend la plume, et voilà que l'invisible quittant sa proie pour un instant, s'empare de sa main, il l'eût meurtrie si on l'eût laissé faire.
Depuis quinze jours qu'on évoque cet Esprit de la pire espèce, il ne voulut jamais dire le motif de sa vengeance ; pressé par moi de questions, il nous avoua enfin que ce Joseph lui avait ravi celle qu'il aime. Nous lui fîmes comprendre que s'il voulait ne plus tourmenter Joseph, et témoigner le moindre signe de repentir, Dieu lui permettrait de la revoir. – Pour elle, dit-il, je ferai tout. – Eh bien ! dites : Mon Dieu, pardonnez-moi mes fautes. – Après hésitation il nous dit : « Je vais essayer ; mais gare à lui si vous ne me la faites pas voir ! » et il écrivit : « Mon Dieu, pardonnez-moi mes fautes. » Le moment était critique ; qu'allait-il advenir ? Nous consultâmes les guides qui dirent : Vous avez bien fait de mettre toute votre confiance en Dieu et en nous ; vous avez la clef pour le ramener à vous. Il verra celle qu'il aime plus tard ; ne craignez rien ; c'est un aveu dont vous devez profiter pour le ramener au bien. Après cette scène, Joseph, épuisé comme un lutteur, exténué de fatigue, se ressent de la terrible possession de son invisible ennemi. M. B…, opérant alors des passes magnétiques énergiques, finit par le calmer complètement. Dieu veuille que cette cure soit aussi éclatante que la précédente.
Voilà ce à quoi s'appliquent ces chers frères ! Quelle énergie, quelle conviction, quel courage ne faut-il pas pour faire de pareilles guérisons ! La foi, l'espérance et surtout la charité peuvent seules vaincre d'aussi grands obstacles et affronter si témérairement une meute de si terribles adversaires. Je sortis courbaturé !
A quelques jours de là, j'assistais à Carcassonne à des émotions d'un tout autre genre. Je rendis visite à M. le président Jaubert : Nous avons des apports nombreux depuis quelque temps, me dit-il ; je vais vous mener vers la demoiselle qui est l'objet de ces manifestations. Comme un fait exprès cette demoiselle était indisposée ; son estomac était enflé au point de ne pouvoir agrafer sa robe. Ses guides consultés, la séance fut remise au lendemain soir à huit heures. M. C…, capitaine en retraite, voulut bien mettre son salon à notre disposition. C'est une grande pièce nue, tapissée simplement ; il n'y a pour tout ornement qu'une glace sur la cheminée, une commode et des chaises ; pas de tableaux, ni rideaux, ni draperies : un vrai appartement de garçon. Nous étions en tout neuf personnes, tous adeptes convaincus.
Sitôt entrés, voilà qu'une pluie de dragées est lancée avec fracas dans un angle de la chambre ! Vous dire mon émotion, serait difficile, car ici l'honorabilité des assistants, cette chambre nue et choisie, on dirait, tout exprès par les Esprits pour enlever tous les doutes, rien ne pouvait faire suspecter une manœuvre frauduleuse ; et malgré ce prodige, je ne cessais de regarder, de scruter du regard ces murailles, et de leur demander si elles n'étaient pas complices d'un arrangement quelconque.
La demoiselle médium malade prend son crayon, et écrit : « Dis à Delanne de poser sa main sur le creux de ton estomac et cette enflure disparaîtra. Priez auparavant. » Nous voilà tous en prière ; j'étais à l'extrémité de la chambre quand, au milieu du recueillement général, une nouvelle pluie de bonbons se produit dans l'angle opposé à celui d'où elle était partie la première fois. Jugez de notre joie. Je m'approche de la malade ; l'enflure était beaucoup plus forte que la veille ; j'impose ma main, et l'enflure disparaît comme par enchantement. Je suis guérie, dit-elle. Sa robe, beaucoup trop étroite, devient trop large. Tout le monde a constaté le fait. Nous nous unissons par la pensée pour remercier les bons Esprits de tant de bonté. Alors eut lieu une troisième averse de dragées. De ma vie je n'oublierai ces faits. Ces messieurs étaient enchantés, plutôt pour moi que pour eux, habitués à ces sortes de manifestations. Chacun d'eux possède quelques objets apportés par les Esprits. M. Jaubert m'a affirmé avoir vu plusieurs fois sa table se renverser et se relever seule sans le secours des mains ; son chapeau emporté d'un bout d'une chambre à l'autre. Un fait analogue de guérison instantanée s'est également produit il y a quelques mois sous la main de M. Jaubert.
La demoiselle médium, qui est, en outre, somnambule très lucide, étant endormie, je lui dis : « Voulez-vous me suivre à Paris ? – Oui. –Veuillez, je vous prie, aller chez moi. – Je vois votre dame, dit-elle ; elle me plaît ; elle est couchée et lit. » Elle décrivit l'appartement avec une parfaite exactitude. Voici la conversation qu'elle eut avec ma femme : « Vous ne savez pas, madame, que votre mari est avec nous. – Non, mais dites à mon mari de me l'écrire. – Tiens ! je ne voyais pas votre fils ; il est gentil. Votre dame me dit qu'elle a un autre enfant bien gentil aussi. – Dites-lui qu'elle vous dise son âge. – Il a neuf mois. – C'est très juste. »
Comme je savais qu'il y avait réunion chez vous, je la priai d'aller vous voir. Elle n'osait entrer, tellement il y avait du monde et de grands Esprits. Elle vous détailla très bien, cher président, ainsi que plusieurs de nos collègues.
Remarque. Payons d'abord un juste tribut d'éloges à nos frères de Barcelone pour leur zèle et leur dévouement. Comme le dit M. Delanne, pour accomplir de telles choses, il faut le courage et la persévérance que la foi et la charité peuvent seules donner. Qu'ils reçoivent ici le témoignage de la fraternelle sympathie de la société de Paris.
Les faits de Carcassonne feront sourire les incrédules, qui ne manqueront pas de dire que c'est une comédie jouée ; autrement, diront-ils, ce seraient des miracles, et le temps des miracles est passé. A cela on leur répond qu'il n'y a pas là le plus petit miracle, mais de simples phénomènes naturels dont ils comprendront la théorie quand ils voudront se donner la peine de l'étudier, c'est pourquoi nous ne prendrons pas celle de la leur expliquer. Quant à la comédie, il faudrait savoir au profit de qui elle était jouée. Certes la prestidigitation peut opérer des choses tout aussi surprenantes, voire même la guérison d'une enflure simulée par une vessie gonflée. Mais, encore une fois, au profit de qui ? On est toujours fort quand on peut opposer à une accusation de charlatanisme le désintéressement le plus absolu ; il n'en serait pas de même s'il y avait sous jeu le plus léger soupçon d'intérêt matériel. Et puis, qui est-ce qui jouerait cette comédie ? Une jeune personne de bonne famille qui ne se met point en spectacle, qui ne donne de séances ni chez elle, ni en ville et ne cherche point à faire parler d'elle, ce qui ne ferait pas l'affaire des charlatans ; un vice-président du Tribunal ; d'honorables négociants ; des officiers recommandables et reçus dans la meilleure société ; un tel soupçon peut-il les atteindre ? C'est, dit-on, dans l'intérêt de la doctrine et pour faire des adeptes. Mais ce n'en serait pas moins une fraude indigne de personnes qui se respectent. Ce serait d'ailleurs un singulier moyen que d'asseoir une doctrine sur la jonglerie, par l'entremise de gens honorables ; mais nos contradicteurs n'y regardent pas de si près en fait de contradictions ; la logique est le moindre de leurs soucis.
Il est pourtant une importante remarque à faire ici. Qui assistait à la séance dont rend compte M. Delanne ? Y avait-il des incrédules que l'on voulait convaincre ? Non, aucun ; tous étaient des adeptes qui avaient déjà été plusieurs fois témoins de ces faits. Ils auraient donc fait de l'escamotage pour le plaisir de se tromper eux-mêmes. Vous aurez beau dire, messieurs, les Esprits s'y prennent de tant de manières différentes pour attester leur présence, qu'en définitive, les rieurs ne seront pas de votre côté. Vous en pouvez déjà juger au nombre sans cesse croissant de leurs partisans. Si vous aviez trouvé un seul argument sérieux, vous ne l'auriez pas négligé ; mais vous tombez précisément sur les charlatans et les exploiteurs que le Spiritisme désavoue et avec lequel il déclare n'avoir rien de commun ; en cela vous nous secondez au lieu de nous nuire. Signalez la fraude partout où vous la trouverez, nous ne demandons pas mieux ; jamais vous ne nous avez vu en prendre la défense, ni soutenir ceux qui, par leur faute, se sont attiré des démêlés avec la justice ou mis en contravention avec la loi. Tout Spirite sincère qui se renferme dans la limite des devoirs que lui trace la doctrine se concilie la considération et le respect, et n'a rien à redouter.
Notre collègue, M. Delanne, nous écrit en date du 2 avril 1865 :
« Très cher maître, j'ai revu nos frères de Barcelone ; là, comme en France, la doctrine se propage, les adeptes sont zélés et fervents. Dans un groupe que j'ai visité, j'ai vu de dignes émules de ce cher M. Dombre, de Marmande. J'ai constaté la complète guérison d'une dame atteinte d'une obsession effrayante qui datait de quinze ans, au moins, bien avant qu'il fût parlé des Esprits. Médecins, prêtres, exorcismes, tout avait été inutilement employé ; aujourd'hui cette mère de famille est rendue aux siens qui ne cessent de rendre grâces à Dieu d'une si miraculeuse guérison. Deux mois suffirent pour obtenir ce résultat, tant par l'évocation de l'obsesseur que par l'influence de prières collectives et sympathiques.
Dans une autre séance on fit l'évocation de l'Esprit qui obsède depuis dix ans un manœuvrier nommé Joseph, maintenant en voie de guérison. Jamais je n'ai été si péniblement ému qu'en présence des douleurs du patient au moment de l'évocation ; calme d'abord, il est pris tout à coup de soubresauts, de spasmes et de tremblements nerveux ; il est saisi par son ennemi invisible, s'agite dans des convulsions terribles ; la poitrine se gonfle, il étouffe, puis, reprenant sa respiration, il se tord comme un serpent, se roule à terre, se relève d'un bond, se frappe la tête. Il ne prononçait que des mots entrecoupés, surtout le mot : Non ! non ! Le médium, qui est une dame, était en prière ; elle prend la plume, et voilà que l'invisible quittant sa proie pour un instant, s'empare de sa main, il l'eût meurtrie si on l'eût laissé faire.
Depuis quinze jours qu'on évoque cet Esprit de la pire espèce, il ne voulut jamais dire le motif de sa vengeance ; pressé par moi de questions, il nous avoua enfin que ce Joseph lui avait ravi celle qu'il aime. Nous lui fîmes comprendre que s'il voulait ne plus tourmenter Joseph, et témoigner le moindre signe de repentir, Dieu lui permettrait de la revoir. – Pour elle, dit-il, je ferai tout. – Eh bien ! dites : Mon Dieu, pardonnez-moi mes fautes. – Après hésitation il nous dit : « Je vais essayer ; mais gare à lui si vous ne me la faites pas voir ! » et il écrivit : « Mon Dieu, pardonnez-moi mes fautes. » Le moment était critique ; qu'allait-il advenir ? Nous consultâmes les guides qui dirent : Vous avez bien fait de mettre toute votre confiance en Dieu et en nous ; vous avez la clef pour le ramener à vous. Il verra celle qu'il aime plus tard ; ne craignez rien ; c'est un aveu dont vous devez profiter pour le ramener au bien. Après cette scène, Joseph, épuisé comme un lutteur, exténué de fatigue, se ressent de la terrible possession de son invisible ennemi. M. B…, opérant alors des passes magnétiques énergiques, finit par le calmer complètement. Dieu veuille que cette cure soit aussi éclatante que la précédente.
Voilà ce à quoi s'appliquent ces chers frères ! Quelle énergie, quelle conviction, quel courage ne faut-il pas pour faire de pareilles guérisons ! La foi, l'espérance et surtout la charité peuvent seules vaincre d'aussi grands obstacles et affronter si témérairement une meute de si terribles adversaires. Je sortis courbaturé !
A quelques jours de là, j'assistais à Carcassonne à des émotions d'un tout autre genre. Je rendis visite à M. le président Jaubert : Nous avons des apports nombreux depuis quelque temps, me dit-il ; je vais vous mener vers la demoiselle qui est l'objet de ces manifestations. Comme un fait exprès cette demoiselle était indisposée ; son estomac était enflé au point de ne pouvoir agrafer sa robe. Ses guides consultés, la séance fut remise au lendemain soir à huit heures. M. C…, capitaine en retraite, voulut bien mettre son salon à notre disposition. C'est une grande pièce nue, tapissée simplement ; il n'y a pour tout ornement qu'une glace sur la cheminée, une commode et des chaises ; pas de tableaux, ni rideaux, ni draperies : un vrai appartement de garçon. Nous étions en tout neuf personnes, tous adeptes convaincus.
Sitôt entrés, voilà qu'une pluie de dragées est lancée avec fracas dans un angle de la chambre ! Vous dire mon émotion, serait difficile, car ici l'honorabilité des assistants, cette chambre nue et choisie, on dirait, tout exprès par les Esprits pour enlever tous les doutes, rien ne pouvait faire suspecter une manœuvre frauduleuse ; et malgré ce prodige, je ne cessais de regarder, de scruter du regard ces murailles, et de leur demander si elles n'étaient pas complices d'un arrangement quelconque.
La demoiselle médium malade prend son crayon, et écrit : « Dis à Delanne de poser sa main sur le creux de ton estomac et cette enflure disparaîtra. Priez auparavant. » Nous voilà tous en prière ; j'étais à l'extrémité de la chambre quand, au milieu du recueillement général, une nouvelle pluie de bonbons se produit dans l'angle opposé à celui d'où elle était partie la première fois. Jugez de notre joie. Je m'approche de la malade ; l'enflure était beaucoup plus forte que la veille ; j'impose ma main, et l'enflure disparaît comme par enchantement. Je suis guérie, dit-elle. Sa robe, beaucoup trop étroite, devient trop large. Tout le monde a constaté le fait. Nous nous unissons par la pensée pour remercier les bons Esprits de tant de bonté. Alors eut lieu une troisième averse de dragées. De ma vie je n'oublierai ces faits. Ces messieurs étaient enchantés, plutôt pour moi que pour eux, habitués à ces sortes de manifestations. Chacun d'eux possède quelques objets apportés par les Esprits. M. Jaubert m'a affirmé avoir vu plusieurs fois sa table se renverser et se relever seule sans le secours des mains ; son chapeau emporté d'un bout d'une chambre à l'autre. Un fait analogue de guérison instantanée s'est également produit il y a quelques mois sous la main de M. Jaubert.
La demoiselle médium, qui est, en outre, somnambule très lucide, étant endormie, je lui dis : « Voulez-vous me suivre à Paris ? – Oui. –Veuillez, je vous prie, aller chez moi. – Je vois votre dame, dit-elle ; elle me plaît ; elle est couchée et lit. » Elle décrivit l'appartement avec une parfaite exactitude. Voici la conversation qu'elle eut avec ma femme : « Vous ne savez pas, madame, que votre mari est avec nous. – Non, mais dites à mon mari de me l'écrire. – Tiens ! je ne voyais pas votre fils ; il est gentil. Votre dame me dit qu'elle a un autre enfant bien gentil aussi. – Dites-lui qu'elle vous dise son âge. – Il a neuf mois. – C'est très juste. »
Comme je savais qu'il y avait réunion chez vous, je la priai d'aller vous voir. Elle n'osait entrer, tellement il y avait du monde et de grands Esprits. Elle vous détailla très bien, cher président, ainsi que plusieurs de nos collègues.
Remarque. Payons d'abord un juste tribut d'éloges à nos frères de Barcelone pour leur zèle et leur dévouement. Comme le dit M. Delanne, pour accomplir de telles choses, il faut le courage et la persévérance que la foi et la charité peuvent seules donner. Qu'ils reçoivent ici le témoignage de la fraternelle sympathie de la société de Paris.
Les faits de Carcassonne feront sourire les incrédules, qui ne manqueront pas de dire que c'est une comédie jouée ; autrement, diront-ils, ce seraient des miracles, et le temps des miracles est passé. A cela on leur répond qu'il n'y a pas là le plus petit miracle, mais de simples phénomènes naturels dont ils comprendront la théorie quand ils voudront se donner la peine de l'étudier, c'est pourquoi nous ne prendrons pas celle de la leur expliquer. Quant à la comédie, il faudrait savoir au profit de qui elle était jouée. Certes la prestidigitation peut opérer des choses tout aussi surprenantes, voire même la guérison d'une enflure simulée par une vessie gonflée. Mais, encore une fois, au profit de qui ? On est toujours fort quand on peut opposer à une accusation de charlatanisme le désintéressement le plus absolu ; il n'en serait pas de même s'il y avait sous jeu le plus léger soupçon d'intérêt matériel. Et puis, qui est-ce qui jouerait cette comédie ? Une jeune personne de bonne famille qui ne se met point en spectacle, qui ne donne de séances ni chez elle, ni en ville et ne cherche point à faire parler d'elle, ce qui ne ferait pas l'affaire des charlatans ; un vice-président du Tribunal ; d'honorables négociants ; des officiers recommandables et reçus dans la meilleure société ; un tel soupçon peut-il les atteindre ? C'est, dit-on, dans l'intérêt de la doctrine et pour faire des adeptes. Mais ce n'en serait pas moins une fraude indigne de personnes qui se respectent. Ce serait d'ailleurs un singulier moyen que d'asseoir une doctrine sur la jonglerie, par l'entremise de gens honorables ; mais nos contradicteurs n'y regardent pas de si près en fait de contradictions ; la logique est le moindre de leurs soucis.
Il est pourtant une importante remarque à faire ici. Qui assistait à la séance dont rend compte M. Delanne ? Y avait-il des incrédules que l'on voulait convaincre ? Non, aucun ; tous étaient des adeptes qui avaient déjà été plusieurs fois témoins de ces faits. Ils auraient donc fait de l'escamotage pour le plaisir de se tromper eux-mêmes. Vous aurez beau dire, messieurs, les Esprits s'y prennent de tant de manières différentes pour attester leur présence, qu'en définitive, les rieurs ne seront pas de votre côté. Vous en pouvez déjà juger au nombre sans cesse croissant de leurs partisans. Si vous aviez trouvé un seul argument sérieux, vous ne l'auriez pas négligé ; mais vous tombez précisément sur les charlatans et les exploiteurs que le Spiritisme désavoue et avec lequel il déclare n'avoir rien de commun ; en cela vous nous secondez au lieu de nous nuire. Signalez la fraude partout où vous la trouverez, nous ne demandons pas mieux ; jamais vous ne nous avez vu en prendre la défense, ni soutenir ceux qui, par leur faute, se sont attiré des démêlés avec la justice ou mis en contravention avec la loi. Tout Spirite sincère qui se renferme dans la limite des devoirs que lui trace la doctrine se concilie la considération et le respect, et n'a rien à redouter.
Variétés
Le tabac et la folie
On lit dans le Siècle du 15 avril 1865 :
« Les cas de paralysie et d'aliénation mentale augmentent en France en raison directe de la production de l'impôt sur le tabac. De 1812 à 1832, les ressources apportées au budget par l'impôt sur le tabac s'élevaient à 28 millions, et les hospices d'aliénés comptaient 8 000 aliénés. Aujourd'hui, le chiffre de l'impôt atteint 180 millions, et on compte 44 000 aliénés ou paralytiques dans les hôpitaux spéciaux.
Ces rapprochements, fournis par M. Jolly à la dernière séance de l'Académie des sciences, doivent donner à réfléchir aux amateurs des vapeurs nicotinisées. M. Jolly a terminé son étude par cette phrase menaçante pour la génération actuelle : « L'emploi immodéré du tabac, de la pipe surtout, occasionne une débilité dans le cerveau et la moelle épinière, d'où résulte la folie. »
S'il était nécessaire de réfuter encore, après tout ce qui a été dit, les allégations de ceux qui prétendent que le Spiritisme encombre les maisons d'aliénés, ces chiffres fourniraient un argument sans réplique, car non-seulement ils reposent sur un fait matériel et un principe scientifique logique, mais ils constatent que l'accroissement du nombre des aliénés remonte à plus de vingt ans avant qu'il ne fût question du Spiritisme ; or, il n'est pas logique d'admettre que l'effet ait précédé la cause. Les Spirites ne sont pas à l'abri des causes matérielles qui peuvent déranger le cerveau, pas plus que des accidents qui peuvent casser les bras et les jambes. Il n'est donc pas étonnant qu'il y ait des Spirites parmi les fous. Mais, à côté des causes matérielles il y a les causes morales ; c'est contre celles-là que les Spirites ont un puissant préservatif dans leurs croyances. Si donc il est un jour possible d'avoir une statistique exacte, consciencieuse et faite sans prévention, des cas de folie pour causes morales, on en verra incontestablement le nombre diminuer avec le développement du Spiritisme. Il diminuera également le nombre des cas occasionnés par les excès et l'abus des liqueurs alcooliques, mais il n'empêchera pas la fièvre chaude et maintes autres causes de déranger la raison.
Il est de notoriété que tels hommes de lettres en renom sont morts fous par suite de l'usage immodéré de l'absinthe dont les effets délétères sur le cerveau et la moelle épinière sont aujourd'hui démontrés. Si ces hommes se fussent occupés du Spiritisme, on n'eût pas manqué de l'en rendre responsable ; quant à nous, nous ne craignons pas d'affirmer que s'ils s'en fussent occupés sérieusement, ils eussent été plus modérés en tout, et n'auraient pas été exposés à ces tristes suites de l'intempérance. Un rapprochement analogue à celui que fait M. le docteur Jolly pourrait, avec autant de raison et plus peut-être, être fait entre la proportion des aliénés et celle de la consommation de l'absinthe.
Mais voici une autre cause signalée par le Siècle du 21 avril dans le fait suivant :
On lit dans le Droit : « Joséphine-Sophie D…, âgée de dix-neuf ans, ouvrière brunisseuse, demeurant chez ses parents, rue Bourbon-Villeneuve, se livrait avec une ardeur incroyable à la lecture des romans que renferment les publications dites populaires à cinq centimes. Les sentiments exagérés, les caractères outrés, les événements invraisemblables dont ces ouvrages sont ordinairement remplis avaient influé d'une manière fâcheuse sur son intelligence. Elle se croyait appelée aux plus hautes destinées. Ses parents, qui, dans une position peu aisée, avaient fait néanmoins, pour lui donner de l'instruction, tous les sacrifices possibles, n'étaient à ses yeux que de pauvres gens, incapables de la comprendre et de s'élever jusqu'à la sphère où elle aspirait.
Depuis longtemps Sophie D… se livrait à ces pensées romanesques. Voyant enfin qu'aucun être surnaturel ne s'occupait d'elle et que sa vie devait s'écouler, comme celle des autres ouvrières, au milieu du travail et des soins de la famille, elle résolut de mettre fin à ses jours, espérant sans doute que, dans un autre monde, ses rêves se réaliseraient.
Hier matin, comme on s'étonnait de ne pas la voir paraître à l'heure où elle devait se rendre à son travail, sa jeune sœur alla pour l'appeler. Ayant ouvert la porte, elle fut saisie d'un tremblement nerveux en apercevant Sophie pendue au crampon soutenant la flèche de son lit ; elle appela ses parents, qui accoururent et s'empressèrent de couper la corde, mais toutes les tentatives faites pour rappeler la jeune fille à la vie demeurèrent infructueuses. »
Voilà donc un cas de folie et de suicide causé par ceux mêmes qui accusent le Spiritisme de peupler les maisons d'aliénés. Les romans peuvent donc exalter à ce point l'imagination que la raison en soit troublée ? On pourrait en citer bon nombre de pareils, sans compter les fous qu'a faits la peur du diable sur des esprits faibles. Mais le Spiritisme est venu, et chacun s'est empressé d'en faire le bouc émissaire de ses propres méfaits.
On lit dans le Siècle du 15 avril 1865 :
« Les cas de paralysie et d'aliénation mentale augmentent en France en raison directe de la production de l'impôt sur le tabac. De 1812 à 1832, les ressources apportées au budget par l'impôt sur le tabac s'élevaient à 28 millions, et les hospices d'aliénés comptaient 8 000 aliénés. Aujourd'hui, le chiffre de l'impôt atteint 180 millions, et on compte 44 000 aliénés ou paralytiques dans les hôpitaux spéciaux.
Ces rapprochements, fournis par M. Jolly à la dernière séance de l'Académie des sciences, doivent donner à réfléchir aux amateurs des vapeurs nicotinisées. M. Jolly a terminé son étude par cette phrase menaçante pour la génération actuelle : « L'emploi immodéré du tabac, de la pipe surtout, occasionne une débilité dans le cerveau et la moelle épinière, d'où résulte la folie. »
S'il était nécessaire de réfuter encore, après tout ce qui a été dit, les allégations de ceux qui prétendent que le Spiritisme encombre les maisons d'aliénés, ces chiffres fourniraient un argument sans réplique, car non-seulement ils reposent sur un fait matériel et un principe scientifique logique, mais ils constatent que l'accroissement du nombre des aliénés remonte à plus de vingt ans avant qu'il ne fût question du Spiritisme ; or, il n'est pas logique d'admettre que l'effet ait précédé la cause. Les Spirites ne sont pas à l'abri des causes matérielles qui peuvent déranger le cerveau, pas plus que des accidents qui peuvent casser les bras et les jambes. Il n'est donc pas étonnant qu'il y ait des Spirites parmi les fous. Mais, à côté des causes matérielles il y a les causes morales ; c'est contre celles-là que les Spirites ont un puissant préservatif dans leurs croyances. Si donc il est un jour possible d'avoir une statistique exacte, consciencieuse et faite sans prévention, des cas de folie pour causes morales, on en verra incontestablement le nombre diminuer avec le développement du Spiritisme. Il diminuera également le nombre des cas occasionnés par les excès et l'abus des liqueurs alcooliques, mais il n'empêchera pas la fièvre chaude et maintes autres causes de déranger la raison.
Il est de notoriété que tels hommes de lettres en renom sont morts fous par suite de l'usage immodéré de l'absinthe dont les effets délétères sur le cerveau et la moelle épinière sont aujourd'hui démontrés. Si ces hommes se fussent occupés du Spiritisme, on n'eût pas manqué de l'en rendre responsable ; quant à nous, nous ne craignons pas d'affirmer que s'ils s'en fussent occupés sérieusement, ils eussent été plus modérés en tout, et n'auraient pas été exposés à ces tristes suites de l'intempérance. Un rapprochement analogue à celui que fait M. le docteur Jolly pourrait, avec autant de raison et plus peut-être, être fait entre la proportion des aliénés et celle de la consommation de l'absinthe.
Mais voici une autre cause signalée par le Siècle du 21 avril dans le fait suivant :
On lit dans le Droit : « Joséphine-Sophie D…, âgée de dix-neuf ans, ouvrière brunisseuse, demeurant chez ses parents, rue Bourbon-Villeneuve, se livrait avec une ardeur incroyable à la lecture des romans que renferment les publications dites populaires à cinq centimes. Les sentiments exagérés, les caractères outrés, les événements invraisemblables dont ces ouvrages sont ordinairement remplis avaient influé d'une manière fâcheuse sur son intelligence. Elle se croyait appelée aux plus hautes destinées. Ses parents, qui, dans une position peu aisée, avaient fait néanmoins, pour lui donner de l'instruction, tous les sacrifices possibles, n'étaient à ses yeux que de pauvres gens, incapables de la comprendre et de s'élever jusqu'à la sphère où elle aspirait.
Depuis longtemps Sophie D… se livrait à ces pensées romanesques. Voyant enfin qu'aucun être surnaturel ne s'occupait d'elle et que sa vie devait s'écouler, comme celle des autres ouvrières, au milieu du travail et des soins de la famille, elle résolut de mettre fin à ses jours, espérant sans doute que, dans un autre monde, ses rêves se réaliseraient.
Hier matin, comme on s'étonnait de ne pas la voir paraître à l'heure où elle devait se rendre à son travail, sa jeune sœur alla pour l'appeler. Ayant ouvert la porte, elle fut saisie d'un tremblement nerveux en apercevant Sophie pendue au crampon soutenant la flèche de son lit ; elle appela ses parents, qui accoururent et s'empressèrent de couper la corde, mais toutes les tentatives faites pour rappeler la jeune fille à la vie demeurèrent infructueuses. »
Voilà donc un cas de folie et de suicide causé par ceux mêmes qui accusent le Spiritisme de peupler les maisons d'aliénés. Les romans peuvent donc exalter à ce point l'imagination que la raison en soit troublée ? On pourrait en citer bon nombre de pareils, sans compter les fous qu'a faits la peur du diable sur des esprits faibles. Mais le Spiritisme est venu, et chacun s'est empressé d'en faire le bouc émissaire de ses propres méfaits.
Dissertations spirites (Lyon, novembre 1863. – Méd., M. X…)
I - Les idées préconçues.
Nous vous avons souvent dit de scruter les communications qui vous sont
faites, de les soumettre à l'analyse de la raison et de ne pas prendre,
sans examen, les inspirations qui viennent agiter votre esprit sous
l'influence de causes souvent fort difficiles à constater pour des
incarnés soumis à des diversions sans nombre.
Les idées pures qui flottent pour ainsi dire dans l'espace (suivant l'idée platonicienne) portées par les Esprits, ne peuvent pas toujours se loger seules et isolées dans le cerveau de vos médiums ; elles trouvent souvent la place occupée par des idées préconçues qui s'écoulent avec le jet de l'inspiration, qui le troublent et le transforment d'une manière inconsciente il est vrai, mais quelquefois d'une manière assez profonde pour que l'idée spirituelle se trouve ainsi entièrement dénaturée.
L'inspiration renferme deux éléments : la pensée et la chaleur fluidique destinée à échauffer l'esprit du médium en lui donnant ce que vous appelez la verve de la composition ; si l'inspiration trouve la place occupée par une idée préconçue dont le médium ne peut ou ne veut pas se détacher, notre pensée reste sans interprète, et la chaleur fluidique se dépense à chauffer une pensée qui n'est pas la nôtre. Que de fois, dans votre monde égoïste et passionné, venons-nous apporter la chaleur et l'idée ! Vous dédaignez l'idée que votre conscience devrait vous faire reconnaître, et vous vous emparez de la chaleur au profit de vos passions terrestres, dilapidant ainsi quelquefois le bien de Dieu au profit du mal. Aussi, que de comptes auront à rendre un jour tous les avocats de mauvaises causes !
Sans doute il serait à désirer que les bonnes inspirations pussent toujours dominer les idées préconçues ; mais alors nous entraverions le libre arbitre de la volonté de l'homme, et ce dernier échapperait ainsi à la responsabilité qui lui appartient. Mais si nous ne sommes que les conseillers auxiliaires de l'humanité, combien de fois n'avons-nous pas à nous féliciter lorsque notre idée, frappant à la porte d'une conscience droite, triomphe de l'idée préconçue et modifie la conviction de l'inspiré ! Il ne faudrait pas croire cependant que notre secours mal employé ne trahisse pas un peu le mauvais usage qu'on peut en faire ; la conviction sincère trouve des accents qui, partis du cœur, arrivent au cœur ; la conviction simulée peut satisfaire des convictions passionnées, vibrant à l'unisson de la première, mais elle porte un froid particulier qui laisse la conscience mal satisfaite, et décèle une origine douteuse.
Voulez-vous savoir d'où viennent les deux éléments de l'inspiration médianimique ? La réponse est facile : l'idée vient du monde extraterrestre, c'est l'inspiration propre de l'Esprit. Quant à la chaleur fluidique de l'inspiration, nous la trouvons et nous la prenons chez vous-mêmes ; c'est la partie quintessenciée du fluide vital en émanation ; quelquefois nous l'empruntons à l'inspiré lui-même quand il est doué d'une certaine puissance fluidique (ou médianimique, comme vous l'appelez), le plus souvent nous l'empruntons à son entourage dans l'émanation de bienveillance dont il est plus ou moins entouré. C'est pour cela qu'on peut dire avec raison que la sympathie rend éloquent.
Si vous réfléchissez attentivement à ces causes, vous trouverez l'explication de beaucoup de faits qui étonnent d'abord, mais dont chacun possède une certaine intuition. L'idée seule ne suffirait pas à l'homme, si on ne lui donnait pas la puissance de l'exprimer. La chaleur est à l'idée ce que le périsprit est à l'Esprit, ce que votre corps est à l'âme. Sans le corps, l'âme serait impuissante à agiter la matière ; sans la chaleur, l'idée serait impuissante à émouvoir les cœurs.
La conclusion de cette communication est que vous ne devez jamais abdiquer votre raison dans l'examen des inspirations qui vous sont soumises. Plus le médium a d'idées acquises, plus il est susceptible d'idées préconçues, plus aussi il doit faire table rase de ses propres pensées, déposer les influences qui l'agitent et donner à sa conscience l'abnégation nécessaire à une bonne communication.
Les idées pures qui flottent pour ainsi dire dans l'espace (suivant l'idée platonicienne) portées par les Esprits, ne peuvent pas toujours se loger seules et isolées dans le cerveau de vos médiums ; elles trouvent souvent la place occupée par des idées préconçues qui s'écoulent avec le jet de l'inspiration, qui le troublent et le transforment d'une manière inconsciente il est vrai, mais quelquefois d'une manière assez profonde pour que l'idée spirituelle se trouve ainsi entièrement dénaturée.
L'inspiration renferme deux éléments : la pensée et la chaleur fluidique destinée à échauffer l'esprit du médium en lui donnant ce que vous appelez la verve de la composition ; si l'inspiration trouve la place occupée par une idée préconçue dont le médium ne peut ou ne veut pas se détacher, notre pensée reste sans interprète, et la chaleur fluidique se dépense à chauffer une pensée qui n'est pas la nôtre. Que de fois, dans votre monde égoïste et passionné, venons-nous apporter la chaleur et l'idée ! Vous dédaignez l'idée que votre conscience devrait vous faire reconnaître, et vous vous emparez de la chaleur au profit de vos passions terrestres, dilapidant ainsi quelquefois le bien de Dieu au profit du mal. Aussi, que de comptes auront à rendre un jour tous les avocats de mauvaises causes !
Sans doute il serait à désirer que les bonnes inspirations pussent toujours dominer les idées préconçues ; mais alors nous entraverions le libre arbitre de la volonté de l'homme, et ce dernier échapperait ainsi à la responsabilité qui lui appartient. Mais si nous ne sommes que les conseillers auxiliaires de l'humanité, combien de fois n'avons-nous pas à nous féliciter lorsque notre idée, frappant à la porte d'une conscience droite, triomphe de l'idée préconçue et modifie la conviction de l'inspiré ! Il ne faudrait pas croire cependant que notre secours mal employé ne trahisse pas un peu le mauvais usage qu'on peut en faire ; la conviction sincère trouve des accents qui, partis du cœur, arrivent au cœur ; la conviction simulée peut satisfaire des convictions passionnées, vibrant à l'unisson de la première, mais elle porte un froid particulier qui laisse la conscience mal satisfaite, et décèle une origine douteuse.
Voulez-vous savoir d'où viennent les deux éléments de l'inspiration médianimique ? La réponse est facile : l'idée vient du monde extraterrestre, c'est l'inspiration propre de l'Esprit. Quant à la chaleur fluidique de l'inspiration, nous la trouvons et nous la prenons chez vous-mêmes ; c'est la partie quintessenciée du fluide vital en émanation ; quelquefois nous l'empruntons à l'inspiré lui-même quand il est doué d'une certaine puissance fluidique (ou médianimique, comme vous l'appelez), le plus souvent nous l'empruntons à son entourage dans l'émanation de bienveillance dont il est plus ou moins entouré. C'est pour cela qu'on peut dire avec raison que la sympathie rend éloquent.
Si vous réfléchissez attentivement à ces causes, vous trouverez l'explication de beaucoup de faits qui étonnent d'abord, mais dont chacun possède une certaine intuition. L'idée seule ne suffirait pas à l'homme, si on ne lui donnait pas la puissance de l'exprimer. La chaleur est à l'idée ce que le périsprit est à l'Esprit, ce que votre corps est à l'âme. Sans le corps, l'âme serait impuissante à agiter la matière ; sans la chaleur, l'idée serait impuissante à émouvoir les cœurs.
La conclusion de cette communication est que vous ne devez jamais abdiquer votre raison dans l'examen des inspirations qui vous sont soumises. Plus le médium a d'idées acquises, plus il est susceptible d'idées préconçues, plus aussi il doit faire table rase de ses propres pensées, déposer les influences qui l'agitent et donner à sa conscience l'abnégation nécessaire à une bonne communication.
II - Dieu ne se venge pas.
Ce qui précède n'est qu'un préambule destiné à servir d'introduction à
d'autres idées. Je vous ai parlé d'idées préconçues, il y en a d'autres
que celles qui viennent des penchants de l'inspiré ; il y en a qui sont
la suite d'une instruction erronée, d'une interprétation accréditée par
un temps plus ou moins long, qui ont eu leur raison d'être à une époque
où la raison humaine était insuffisamment développée, et qui, passées à
l'état chronique, ne peuvent être modifiées que par d'héroïques efforts,
surtout quand elles ont pour elles l'autorité de l'enseignement
religieux et de livres réservés. Une de ces idées est celle-ci : Dieu se
venge. Qu'un homme blessé dans son orgueil, dans sa personne ou dans
ses intérêts se venge, cela se conçoit ; cette vengeance, quoique
coupable, est dans la marge faite aux imperfections humaines ; mais un
père qui se venge sur ses enfants, soulève l'indignation générale, parce
que chacun sent qu'un père, chargé du soin de former ses enfants, peut
redresser des torts, corriger des défauts par tous les moyens qui sont
en son pouvoir, mais que la vengeance lui est interdite, sous peine de
devenir étranger à tous les droits de la paternité.
Sous le nom de vindicte publique, la société qui s'en va se vengeait des coupables ; la punition infligée, souvent cruelle, était la vengeance qu'elle tirait des méfaits d'un homme pervers ; elle n'avait nul souci de l'amendement de cet homme, elle laissait à Dieu le soin de le punir ou de lui pardonner ; il lui suffisait de frapper d'une terreur, qu'elle croyait salutaire, les coupables à venir. La société qui vient ne pense plus ainsi ; si elle n'agit point encore en vue de l'amendement du coupable, elle comprend au moins ce que la vengeance a d'odieux pour elle-même ; sauvegarder la société contre les attaques d'un criminel lui suffit, et, la crainte d'une erreur judiciaire aidant, bientôt la peine capitale disparaîtra de vos codes.
Si la société se trouve aujourd'hui trop grande devant un coupable pour se laisser aller à la colère et se venger de lui, comment voulez-vous que Dieu, participant à vos faiblesses, s'émeuve d'un sentiment irascible et frappe par vengeance un pécheur appelé à se repentir ? Croire à la colère de Dieu est un orgueil de l'humanité, qui s'imagine être d'un grand poids dans la balance divine. Si la plante de votre jardin vient mal, si elle se déjette, irez-vous vous mettre en colère et vous venger de sa mauvaise venue ? Non, vous la redresserez si vous pouvez, vous lui donnerez un tuteur, vous gênerez, par des entraves, ses mauvaises tendances, vous la transplanterez au besoin, mais vous ne vous vengerez pas ; ainsi fait Dieu.
Dieu se venger, quel blasphème ! quel amoindrissement de la grandeur divine ! quelle ignorance de la distance infinie qui sépare le créateur de sa créature ! quel oubli de sa bonté et de sa justice ! Dieu viendrait, dans une existence où il ne vous reste aucun souvenir de vos torts passés, vous faire payer chèrement les fautes que vous pouvez avoir commises à une époque effacée de votre être ! Non, non, Dieu n'agit pas ainsi ; il entrave l'essor d'une passion funeste, il corrige l'orgueil inné par une humilité forcée, il redresse l'égoïsme du passé par l'urgence d'un besoin présent qui fait désirer l'existence d'un sentiment que l'homme n'a ni connu ni éprouvé. Comme père, il corrige, mais, comme père aussi, Dieu ne se venge pas.
Gardez-vous de ces idées préconçues de vengeance céleste, débris égarés d'une erreur ancienne. Gardez-vous de ces tendances fatalistes dont la porte est ouverte sur vos doctrines nouvelles, et qui vous conduiraient tout droit au quiétisme oriental. La part de liberté de l'homme n'est pas déjà assez grande pour l'amoindrir encore par des croyances erronées ; plus vous vous sentirez de liberté à vous, plus vous aurez de responsabilité sans doute ; mais plus aussi les efforts de votre volonté vous conduiront en avant dans la voie du progrès.
Pascal.
Sous le nom de vindicte publique, la société qui s'en va se vengeait des coupables ; la punition infligée, souvent cruelle, était la vengeance qu'elle tirait des méfaits d'un homme pervers ; elle n'avait nul souci de l'amendement de cet homme, elle laissait à Dieu le soin de le punir ou de lui pardonner ; il lui suffisait de frapper d'une terreur, qu'elle croyait salutaire, les coupables à venir. La société qui vient ne pense plus ainsi ; si elle n'agit point encore en vue de l'amendement du coupable, elle comprend au moins ce que la vengeance a d'odieux pour elle-même ; sauvegarder la société contre les attaques d'un criminel lui suffit, et, la crainte d'une erreur judiciaire aidant, bientôt la peine capitale disparaîtra de vos codes.
Si la société se trouve aujourd'hui trop grande devant un coupable pour se laisser aller à la colère et se venger de lui, comment voulez-vous que Dieu, participant à vos faiblesses, s'émeuve d'un sentiment irascible et frappe par vengeance un pécheur appelé à se repentir ? Croire à la colère de Dieu est un orgueil de l'humanité, qui s'imagine être d'un grand poids dans la balance divine. Si la plante de votre jardin vient mal, si elle se déjette, irez-vous vous mettre en colère et vous venger de sa mauvaise venue ? Non, vous la redresserez si vous pouvez, vous lui donnerez un tuteur, vous gênerez, par des entraves, ses mauvaises tendances, vous la transplanterez au besoin, mais vous ne vous vengerez pas ; ainsi fait Dieu.
Dieu se venger, quel blasphème ! quel amoindrissement de la grandeur divine ! quelle ignorance de la distance infinie qui sépare le créateur de sa créature ! quel oubli de sa bonté et de sa justice ! Dieu viendrait, dans une existence où il ne vous reste aucun souvenir de vos torts passés, vous faire payer chèrement les fautes que vous pouvez avoir commises à une époque effacée de votre être ! Non, non, Dieu n'agit pas ainsi ; il entrave l'essor d'une passion funeste, il corrige l'orgueil inné par une humilité forcée, il redresse l'égoïsme du passé par l'urgence d'un besoin présent qui fait désirer l'existence d'un sentiment que l'homme n'a ni connu ni éprouvé. Comme père, il corrige, mais, comme père aussi, Dieu ne se venge pas.
Gardez-vous de ces idées préconçues de vengeance céleste, débris égarés d'une erreur ancienne. Gardez-vous de ces tendances fatalistes dont la porte est ouverte sur vos doctrines nouvelles, et qui vous conduiraient tout droit au quiétisme oriental. La part de liberté de l'homme n'est pas déjà assez grande pour l'amoindrir encore par des croyances erronées ; plus vous vous sentirez de liberté à vous, plus vous aurez de responsabilité sans doute ; mais plus aussi les efforts de votre volonté vous conduiront en avant dans la voie du progrès.
Pascal.
III - La vérité.
La vérité, mon ami, est une de ces abstractions vers lesquelles l'esprit
humain tend sans cesse sans pouvoir jamais y atteindre. Il faut qu'il y
tende, c'est une des conditions du progrès, mais sa nature imparfaite,
et par cela seul qu'elle est imparfaite, ne saurait y aboutir. En
suivant la direction que suit la vérité dans sa marche ascendante,
l'esprit humain est dans la voie providentielle, mais il ne lui est pas
donné d'en voir le terme.
Tu me comprendras mieux quand tu sauras que la vérité est, comme le temps, divisée en deux parties par le moment inappréciable qu'on appelle le présent, savoir : le passé et l'avenir. Il y a donc deux vérités aussi, la vérité relative et la vérité absolue. La vérité relative, c'est ce qui est ; la vérité absolue, c'est qui devrait être. Or, comme ce qui devrait être monte par degré jusqu'à la perfection absolue qui est Dieu, il s'ensuit que, pour les êtres créés et gravissant la route ascensionnelle du progrès, il n'y a que des vérités relatives. Mais de ce qu'une vérité relative n'est pas immuable, elle n'en est pas moins sacrée pour l'être créé.
Vos lois, vos mœurs, vos institutions sont essentiellement perfectibles et par cela même imparfaites ; mais leurs imperfections ne vous affranchissent pas du respect que vous leur devez. Il n'est pas permis de devancer son temps et de se faire des lois en dehors des lois sociales. L'humanité est un être collectif qui doit marcher, sinon dans son ensemble, du moins par groupes, vers le progrès de l'avenir ; celui qui se détache de la société humaine pour s'avancer en enfant perdu, vers des vérités nouvelles, subit toujours sur votre terre la peine due à son impatience. Laissez aux initiateurs, inspirés de l'Esprit de Vérité, le soin de proclamer les lois de l'avenir en se soumettant à celle du présent. Laissez à Dieu, qui mesure vos progrès aux efforts que vous avez faits pour devenir meilleurs, le soin de choisir le moment qu'il croit utile à une nouvelle transition, mais ne vous soustrayez jamais à une loi que lorsqu'elle est abrogée.
Parce que le Spiritisme s'est révélé parmi vous, ne croyez pas à un cataclysme des institutions sociales ; jusqu'à ce jour il a accompli une œuvre souterraine et inconsciente pour ceux qui en étaient les instruments. Aujourd'hui qu'il effleure le sol, et qu'il arrive au grand jour, la marche du progrès n'en doit pas moins être d'une lente régularité. Défiez-vous des Esprits impatients qui vous poussent dans les voies dangereuses de l'inconnu. L'éternité qui vous est promise doit vous faire prendre en pitié les ambitions si éphémères de la vie. Soyez réservés jusqu'à suspecter souvent la voix des Esprits qui se manifestent.
Rappelez-vous ceci : L'esprit humain se meut et s'agite sous l'influence de trois causes qui sont : la réflexion, l'inspiration et la révélation. La réflexion, c'est la richesse de vos souvenirs que vous agitez volontairement. En elle, l'homme trouve ce qui lui est rigoureusement utile pour satisfaire aux besoins d'une position stationnaire. L'inspiration, c'est l'influence des Esprits extraterrestres qui se mêle plus ou moins à vos propres réflexions pour vous pousser au progrès, c'est l'immixtion du mieux à l'insuffisance du passage ; c'est une force nouvelle qui s'ajoute à une force acquise pour vous porter plus loin que le présent, c'est la preuve irrécusable d'une cause occulte qui vous pousse en avant, et sans laquelle vous resteriez stationnaires ; car il est de règle physique et morale que l'effet ne saurait être plus grand que sa cause, et quand cela arrive, comme dans le progrès social, c'est qu'une cause ignorée, inaperçue, s'est ajoutée à la cause première de votre impulsion. La révélation est la plus élevée des puissances qui agitent l'esprit de l'homme, car elle vient de Dieu et ne se manifeste que par sa volonté expresse ; elle est rare, quelquefois même inappréciable, quelquefois évidente pour celui qui l'éprouve au point de se sentir involontairement saisi d'un saint respect. Je le répète, elle est rare, et donnée ordinairement comme une récompense à la foi sincère, au cœur dévoué ; mais n'allez pas prendre comme révélation tout ce qui peut vous être donné pour tel. L'homme fait parade de l'amitié des grands, les Esprits font parade d'une permission spéciale de Dieu, qui souvent leur fait défaut ; ils font quelquefois des promesses que Dieu ne ratifie pas, car lui seul sait ce qu'il faut et ce qu'il ne faut pas.
Voilà, mon ami, tout ce que je peux te dire sur la vérité ; humilie-toi devant le grand Être par qui tout vit et se meut dans l'infinité des mondes que sa puissance régit ; songe que si en lui se trouve toute sagesse, toute justice et toute puissance, en lui se trouve aussi toute vérité.
Pascal.
Tu me comprendras mieux quand tu sauras que la vérité est, comme le temps, divisée en deux parties par le moment inappréciable qu'on appelle le présent, savoir : le passé et l'avenir. Il y a donc deux vérités aussi, la vérité relative et la vérité absolue. La vérité relative, c'est ce qui est ; la vérité absolue, c'est qui devrait être. Or, comme ce qui devrait être monte par degré jusqu'à la perfection absolue qui est Dieu, il s'ensuit que, pour les êtres créés et gravissant la route ascensionnelle du progrès, il n'y a que des vérités relatives. Mais de ce qu'une vérité relative n'est pas immuable, elle n'en est pas moins sacrée pour l'être créé.
Vos lois, vos mœurs, vos institutions sont essentiellement perfectibles et par cela même imparfaites ; mais leurs imperfections ne vous affranchissent pas du respect que vous leur devez. Il n'est pas permis de devancer son temps et de se faire des lois en dehors des lois sociales. L'humanité est un être collectif qui doit marcher, sinon dans son ensemble, du moins par groupes, vers le progrès de l'avenir ; celui qui se détache de la société humaine pour s'avancer en enfant perdu, vers des vérités nouvelles, subit toujours sur votre terre la peine due à son impatience. Laissez aux initiateurs, inspirés de l'Esprit de Vérité, le soin de proclamer les lois de l'avenir en se soumettant à celle du présent. Laissez à Dieu, qui mesure vos progrès aux efforts que vous avez faits pour devenir meilleurs, le soin de choisir le moment qu'il croit utile à une nouvelle transition, mais ne vous soustrayez jamais à une loi que lorsqu'elle est abrogée.
Parce que le Spiritisme s'est révélé parmi vous, ne croyez pas à un cataclysme des institutions sociales ; jusqu'à ce jour il a accompli une œuvre souterraine et inconsciente pour ceux qui en étaient les instruments. Aujourd'hui qu'il effleure le sol, et qu'il arrive au grand jour, la marche du progrès n'en doit pas moins être d'une lente régularité. Défiez-vous des Esprits impatients qui vous poussent dans les voies dangereuses de l'inconnu. L'éternité qui vous est promise doit vous faire prendre en pitié les ambitions si éphémères de la vie. Soyez réservés jusqu'à suspecter souvent la voix des Esprits qui se manifestent.
Rappelez-vous ceci : L'esprit humain se meut et s'agite sous l'influence de trois causes qui sont : la réflexion, l'inspiration et la révélation. La réflexion, c'est la richesse de vos souvenirs que vous agitez volontairement. En elle, l'homme trouve ce qui lui est rigoureusement utile pour satisfaire aux besoins d'une position stationnaire. L'inspiration, c'est l'influence des Esprits extraterrestres qui se mêle plus ou moins à vos propres réflexions pour vous pousser au progrès, c'est l'immixtion du mieux à l'insuffisance du passage ; c'est une force nouvelle qui s'ajoute à une force acquise pour vous porter plus loin que le présent, c'est la preuve irrécusable d'une cause occulte qui vous pousse en avant, et sans laquelle vous resteriez stationnaires ; car il est de règle physique et morale que l'effet ne saurait être plus grand que sa cause, et quand cela arrive, comme dans le progrès social, c'est qu'une cause ignorée, inaperçue, s'est ajoutée à la cause première de votre impulsion. La révélation est la plus élevée des puissances qui agitent l'esprit de l'homme, car elle vient de Dieu et ne se manifeste que par sa volonté expresse ; elle est rare, quelquefois même inappréciable, quelquefois évidente pour celui qui l'éprouve au point de se sentir involontairement saisi d'un saint respect. Je le répète, elle est rare, et donnée ordinairement comme une récompense à la foi sincère, au cœur dévoué ; mais n'allez pas prendre comme révélation tout ce qui peut vous être donné pour tel. L'homme fait parade de l'amitié des grands, les Esprits font parade d'une permission spéciale de Dieu, qui souvent leur fait défaut ; ils font quelquefois des promesses que Dieu ne ratifie pas, car lui seul sait ce qu'il faut et ce qu'il ne faut pas.
Voilà, mon ami, tout ce que je peux te dire sur la vérité ; humilie-toi devant le grand Être par qui tout vit et se meut dans l'infinité des mondes que sa puissance régit ; songe que si en lui se trouve toute sagesse, toute justice et toute puissance, en lui se trouve aussi toute vérité.
Pascal.
Étude sur la médianimité
Société de Paris, 7 avril 1865. – Méd. M. Costel.
Il ne faut pas ériger en système les dictées mal conçues et mal
exprimées qui dénaturent absolument l'inspiration médianimique, si tant
est qu'elle ait existé. Je laisse à d'autres le soin d'expliquer la
théorie du progrès, car il est inutile que tous les médiums traitent le
même sujet. Je vais m'occuper de la médianimité, ce thème inépuisable de
recherches et d'études.
La médianimité est une faculté inhérente à la nature de l'homme ; elle n'est ni une exception ni une faveur, elle fait partie du grand ensemble humain, et, comme telle, est assujettie aux variations physiques et aux inégalités morales ; elle subit le dualisme redoutable de l'instinct et de l'intelligence ; elle possède ses génies, sa multitude et ses avortons.
Il ne faut jamais attribuer aux Esprits, j'entends aux Esprits élevés, ces dictées sans fond ni forme qui ajoutent à leur nullité le ridicule d'être signées par des noms illustres. La médianimité sérieuse n'investit que des cerveaux pourvus d'une instruction suffisante, ou tout au moins éprouvés par les luttes passionnelles. Les meilleurs médiums reçoivent seuls l'afflux spirituel ; les autres subissent simplement l'impulsion fluidique matérielle qui entraîne leurs mains, sans faire produire à leur intelligence autre chose que ce qu'elle contenait à l'état latent ; il faut les encourager à travailler, mais non initier le public à leurs élucubrations.
Les manifestations spirites doivent être faites avec la plus grande réserve ; et s'il est indispensable, pour la dignité personnelle, d'accumuler toutes les preuves d'une parfaite bonne foi autour des expériences physiques, il importe au moins autant de préserver les communications spirituelles du ridicule qui s'attache trop aisément aux idées et aux systèmes signés dérisoirement de noms célèbres qui sont et demeureront toujours étrangers à ces productions. Je ne mets pas en cause la loyauté des personnes qui, recevant le choc électrique, le confondent avec l'inspiration médianimique ; la science a ses faux savants, la médianimité a ses faux médiums, dans l'ordre spirituel, s'entend.
J'essaye d'établir ici la différence qui existe entre les médiums inspirés par les fluides spirituels, et ceux qui n'agissent que sous l'impulsion fluidique corporelle ; c'est-à-dire ceux qui vibrent intellectuellement, et ceux dont la résonance physique n'aboutit qu'à la production confuse et inconsciente de leurs propres idées, ou d'idées vulgaires et sans portée.
Il existe donc une ligne de démarcation parfaitement tranchée entre les médiums écrivains : les uns obéissant à l'influence spirituelle qui ne leur fait écrire que des choses utiles et élevées ; et les autres subissant l'influence fluidique matérielle qui agit sur leurs organes cérébraux, comme les fluides physiques agissent sur la matière inerte. Cette première classification est absolue, mais elle admet une foule de variétés intermédiaires. J'indique ici les principaux traits d'une étude importante que d'autres Esprits complèteront. Nous sommes les pionniers du progrès terrestre, et solidaires les uns des autres ; nous formons dans la phalange Spirite le noyau de l'avenir.
Georges.
Remarque. La phrase où l'Esprit dit qu'il laisse à d'autres le soin d'expliquer la théorie du progrès, est motivée par diverses questions qui avaient été proposées sur ce sujet dans la séance. Quand il dit que la médianimité est un thème inépuisable de recherches et d'études, il est parfaitement dans le vrai.
Quoique l'étude de cette partie intégrante du Spiritisme soit loin d'être complète, nous sommes loin déjà du temps où l'on croyait qu'il suffisait de recevoir une impulsion mécanique pour se dire médium et se croire apte à recevoir les communications de tous les Esprits. Cela équivaudrait à penser que le premier venu qui joue un petit air sur un piano doit nécessairement être un excellent musicien. Le progrès de la science spirite, qui s'enrichit chaque jour de nouvelles observations, nous montre à combien de causes différentes et d'influences délicates, qu'on ne soupçonnait pas, sont soumis les rapports intelligents avec le monde spirituel. Les Esprits ne pouvaient tout enseigner à la fois ; mais, comme d'habiles professeurs, à mesure que les idées se développent, ils entrent dans de plus grands détails, et déroulent les principes qui, donnés prématurément, n'eussent pas été compris, et auraient fait confusion dans notre pensée.
La médianimité exige donc une étude sérieuse de la part de quiconque voit dans le Spiritisme une chose sérieuse. A mesure que les véritables ressorts de cette faculté seront mieux connus, on sera moins exposé aux déceptions, parce qu'on saura ce qu'elle peut donner, et dans quelles conditions elle peut le faire ; et plus il y aura de personnes éclairées sur ce point, moins il y aura de dupes du charlatanisme.
La médianimité est une faculté inhérente à la nature de l'homme ; elle n'est ni une exception ni une faveur, elle fait partie du grand ensemble humain, et, comme telle, est assujettie aux variations physiques et aux inégalités morales ; elle subit le dualisme redoutable de l'instinct et de l'intelligence ; elle possède ses génies, sa multitude et ses avortons.
Il ne faut jamais attribuer aux Esprits, j'entends aux Esprits élevés, ces dictées sans fond ni forme qui ajoutent à leur nullité le ridicule d'être signées par des noms illustres. La médianimité sérieuse n'investit que des cerveaux pourvus d'une instruction suffisante, ou tout au moins éprouvés par les luttes passionnelles. Les meilleurs médiums reçoivent seuls l'afflux spirituel ; les autres subissent simplement l'impulsion fluidique matérielle qui entraîne leurs mains, sans faire produire à leur intelligence autre chose que ce qu'elle contenait à l'état latent ; il faut les encourager à travailler, mais non initier le public à leurs élucubrations.
Les manifestations spirites doivent être faites avec la plus grande réserve ; et s'il est indispensable, pour la dignité personnelle, d'accumuler toutes les preuves d'une parfaite bonne foi autour des expériences physiques, il importe au moins autant de préserver les communications spirituelles du ridicule qui s'attache trop aisément aux idées et aux systèmes signés dérisoirement de noms célèbres qui sont et demeureront toujours étrangers à ces productions. Je ne mets pas en cause la loyauté des personnes qui, recevant le choc électrique, le confondent avec l'inspiration médianimique ; la science a ses faux savants, la médianimité a ses faux médiums, dans l'ordre spirituel, s'entend.
J'essaye d'établir ici la différence qui existe entre les médiums inspirés par les fluides spirituels, et ceux qui n'agissent que sous l'impulsion fluidique corporelle ; c'est-à-dire ceux qui vibrent intellectuellement, et ceux dont la résonance physique n'aboutit qu'à la production confuse et inconsciente de leurs propres idées, ou d'idées vulgaires et sans portée.
Il existe donc une ligne de démarcation parfaitement tranchée entre les médiums écrivains : les uns obéissant à l'influence spirituelle qui ne leur fait écrire que des choses utiles et élevées ; et les autres subissant l'influence fluidique matérielle qui agit sur leurs organes cérébraux, comme les fluides physiques agissent sur la matière inerte. Cette première classification est absolue, mais elle admet une foule de variétés intermédiaires. J'indique ici les principaux traits d'une étude importante que d'autres Esprits complèteront. Nous sommes les pionniers du progrès terrestre, et solidaires les uns des autres ; nous formons dans la phalange Spirite le noyau de l'avenir.
Georges.
Remarque. La phrase où l'Esprit dit qu'il laisse à d'autres le soin d'expliquer la théorie du progrès, est motivée par diverses questions qui avaient été proposées sur ce sujet dans la séance. Quand il dit que la médianimité est un thème inépuisable de recherches et d'études, il est parfaitement dans le vrai.
Quoique l'étude de cette partie intégrante du Spiritisme soit loin d'être complète, nous sommes loin déjà du temps où l'on croyait qu'il suffisait de recevoir une impulsion mécanique pour se dire médium et se croire apte à recevoir les communications de tous les Esprits. Cela équivaudrait à penser que le premier venu qui joue un petit air sur un piano doit nécessairement être un excellent musicien. Le progrès de la science spirite, qui s'enrichit chaque jour de nouvelles observations, nous montre à combien de causes différentes et d'influences délicates, qu'on ne soupçonnait pas, sont soumis les rapports intelligents avec le monde spirituel. Les Esprits ne pouvaient tout enseigner à la fois ; mais, comme d'habiles professeurs, à mesure que les idées se développent, ils entrent dans de plus grands détails, et déroulent les principes qui, donnés prématurément, n'eussent pas été compris, et auraient fait confusion dans notre pensée.
La médianimité exige donc une étude sérieuse de la part de quiconque voit dans le Spiritisme une chose sérieuse. A mesure que les véritables ressorts de cette faculté seront mieux connus, on sera moins exposé aux déceptions, parce qu'on saura ce qu'elle peut donner, et dans quelles conditions elle peut le faire ; et plus il y aura de personnes éclairées sur ce point, moins il y aura de dupes du charlatanisme.
Progrès intellectuel
Société de Paris, 31 mars 1865. – Médium, M. Desliens
Rien ne se perd en ce monde, non-seulement dans la matière où tout se
renouvelle sans cesse en se perfectionnant, suivant les lois immuables
appliquées à toutes choses par le Créateur, mais aussi dans le domaine
de l'intelligence. L'humanité est comme un seul homme qui vivrait
éternellement, et acquerrait sans cesse de nouvelles connaissances.
Ceci n'est pas une figure, mais une réalité, car l'Esprit est immortel ; il n'y a que le corps, enveloppe ou vêtement de l'Esprit, qui tombe alors qu'il est usé et se remplace par un autre. Cette matière elle-même subit des modifications. A mesure que l'Esprit s'épure, il acquiert de nouvelles richesses, et mérite, si je puis m'exprimer ainsi, un habit plus luxueux, plus agréable, plus commode, pour employer votre langage terrestre.
La matière se sublime et devient de plus en plus légère, sans disparaître jamais complètement, du moins dans les régions moyennes ; soit comme corps, soit comme périsprit, elle accompagne sans cesse l'intelligence et lui permet, par ce point de contact, de communiquer avec ses inférieurs, ses égaux et ses supérieurs pour instruire, méditer et apprendre.
Rien ne se perd dans la nature, avons-nous dit ; ajoutons : rien n'est inutile. Tout, jusqu'aux créatures les plus dangereuses, aux poisons les plus subtils, a sa raison d'être. Que de choses avaient été jugées inutiles ou nuisibles, et dont plus tard on a reconnu les avantages ! Ainsi en est-il de celles que vous ne comprenez pas. Sans traiter à fond la question, je dirai seulement que les choses nuisibles vous obligent à l'attention, à la vigilance qui exercent l'intelligence, tandis que si l'homme n'avait rien à craindre, il s'abandonnerait à la paresse, au préjudice de son développement. Si la nécessité est la mère de l'industrie, l'industrie est aussi la fille de l'intelligence.
Sans doute Dieu, comme quelques-uns l'objectent, aurait pu vous épargner des épreuves et des difficultés qui vous semblent superflues ; mais si des obstacles vous sont opposés, c'est pour éveiller en vous les ressources qui sommeillent ; c'est pour donner l'essor aux trésors d'intelligence qui demeureraient enfouis dans votre cerveau si une nécessité, un danger à éviter, ne venaient vous forcer à veiller à votre conservation.
L'instinct naît ; l'intelligence le suit, les idées s'enchaînent, et le raisonnement se trouve inventé. Si je raisonne, je juge, bien ou mal il est vrai, mais c'est en raisonnant faux qu'on apprend à reconnaître la vérité ; lorsqu'on s'est souvent trompé, on finit par réussir ; et cette vérité, cette intelligence, obtenues par tant de travaux, acquièrent un prix infini et vous en fait regarder la possession comme un bien inestimable. Vous craignez de voir se perdre les découvertes que vous avez faites ; que faites-vous alors ? Vous instruisez vos enfants, vos amis ; vous développez leur intelligence afin d'y semer et d'y faire fructifier ce que vous avez acquis au prix de vos sueurs intellectuelles ; c'est ainsi que tout s'enchaîne, que le progrès est une loi naturelle, et que les connaissances humaines, accrues peu à peu, se transmettent de génération en génération. Que l'on vienne, après cela, vous dire que tout est matière ! Les matérialistes ne repoussent la Spiritualité, pour la plupart, que parce qu'il leur faudrait, sans cela, changer leur genre de vie, attaquer leurs défauts, renoncer à leurs habitudes ; ce serait trop pénible, c'est pourquoi ils trouvent plus commode de tout nier.
Pascal.
Ceci n'est pas une figure, mais une réalité, car l'Esprit est immortel ; il n'y a que le corps, enveloppe ou vêtement de l'Esprit, qui tombe alors qu'il est usé et se remplace par un autre. Cette matière elle-même subit des modifications. A mesure que l'Esprit s'épure, il acquiert de nouvelles richesses, et mérite, si je puis m'exprimer ainsi, un habit plus luxueux, plus agréable, plus commode, pour employer votre langage terrestre.
La matière se sublime et devient de plus en plus légère, sans disparaître jamais complètement, du moins dans les régions moyennes ; soit comme corps, soit comme périsprit, elle accompagne sans cesse l'intelligence et lui permet, par ce point de contact, de communiquer avec ses inférieurs, ses égaux et ses supérieurs pour instruire, méditer et apprendre.
Rien ne se perd dans la nature, avons-nous dit ; ajoutons : rien n'est inutile. Tout, jusqu'aux créatures les plus dangereuses, aux poisons les plus subtils, a sa raison d'être. Que de choses avaient été jugées inutiles ou nuisibles, et dont plus tard on a reconnu les avantages ! Ainsi en est-il de celles que vous ne comprenez pas. Sans traiter à fond la question, je dirai seulement que les choses nuisibles vous obligent à l'attention, à la vigilance qui exercent l'intelligence, tandis que si l'homme n'avait rien à craindre, il s'abandonnerait à la paresse, au préjudice de son développement. Si la nécessité est la mère de l'industrie, l'industrie est aussi la fille de l'intelligence.
Sans doute Dieu, comme quelques-uns l'objectent, aurait pu vous épargner des épreuves et des difficultés qui vous semblent superflues ; mais si des obstacles vous sont opposés, c'est pour éveiller en vous les ressources qui sommeillent ; c'est pour donner l'essor aux trésors d'intelligence qui demeureraient enfouis dans votre cerveau si une nécessité, un danger à éviter, ne venaient vous forcer à veiller à votre conservation.
L'instinct naît ; l'intelligence le suit, les idées s'enchaînent, et le raisonnement se trouve inventé. Si je raisonne, je juge, bien ou mal il est vrai, mais c'est en raisonnant faux qu'on apprend à reconnaître la vérité ; lorsqu'on s'est souvent trompé, on finit par réussir ; et cette vérité, cette intelligence, obtenues par tant de travaux, acquièrent un prix infini et vous en fait regarder la possession comme un bien inestimable. Vous craignez de voir se perdre les découvertes que vous avez faites ; que faites-vous alors ? Vous instruisez vos enfants, vos amis ; vous développez leur intelligence afin d'y semer et d'y faire fructifier ce que vous avez acquis au prix de vos sueurs intellectuelles ; c'est ainsi que tout s'enchaîne, que le progrès est une loi naturelle, et que les connaissances humaines, accrues peu à peu, se transmettent de génération en génération. Que l'on vienne, après cela, vous dire que tout est matière ! Les matérialistes ne repoussent la Spiritualité, pour la plupart, que parce qu'il leur faudrait, sans cela, changer leur genre de vie, attaquer leurs défauts, renoncer à leurs habitudes ; ce serait trop pénible, c'est pourquoi ils trouvent plus commode de tout nier.
Pascal.
De la gravité dans les réunions
Société de Paris, 17 mars 1865. – Médium, M. Desliens
Comme déjà vous en avez des preuves, l'attitude sérieuse des membres
d'un groupe frappe les étrangers qui assistent aux séances avec
l'intention de les tourner en ridicule ; elle change leur envie de
railler en respect involontaire, et du respect à l'étude sérieuse, par
conséquent à la foi, la transition est insensible. Ceux, d'ailleurs, qui
ne sortent pas convaincus de ces réunions, en emportent au moins une
impression favorable, et s'ils ne se rallient pas à vous immédiatement,
ils se détachent néanmoins de vos adversaires acharnés. Voilà une
première raison qui doit vous persuader d'être graves et recueillis. Que
voulez-vous que pensent, en effet, ceux qui sortent d'une réunion où
les sujets les plus dignes de respect sont traités avec légèreté et
inconséquence ? Quoique les Spirites qui agissent ainsi soient loin
d'être malintentionnés, ils n'en sont pas moins nuisibles, non à
l'avenir, mais au développement rapide de la doctrine. S'il n'y avait
jamais eu que des réunions sérieuses et tenues d'une manière convenable,
elle serait encore bien autrement avancée qu'elle ne l'est, quoiqu'elle
le soit beaucoup. Agir ainsi n'est pas agir en vrais Spirites, ni dans
l'intérêt de la doctrine, car les adversaires en profitent pour la
tourner en ridicule. C'est donc un devoir pour ceux qui en comprennent
l'importance de ne point prêter leur appui à des réunions de cette
nature.
Ce n'est pas à la doctrine seule qu'ils nuisent, c'est aussi à eux-mêmes ; car, si toute bonne action porte en elle-même sa récompense, toute action légère laisse après elle une impression fâcheuse, parfois suivie d'une punition physique dont la moindre conséquence peut être la suspension de la médianimité, ou tout au moins l'impossibilité de communiquer avec les bons Esprits.
Il faut être sérieux, non seulement avec les Esprits bienveillants et éclairés qui viennent donner de sages instructions, et que votre peu de recueillement éloignerait, mais encore avec les Esprits souffrants ou mauvais qui viennent, les uns vous demander des consolations, les autres vous mystifier. Je dirai même que c'est surtout avec ces derniers qu'il faut de la gravité, quoique tempérée par la bienveillance ; c'est le meilleur moyen de leur imposer, et de les faire tenir à l'écart en les contraignant au respect. Si vous vous abaissiez jusqu'à la familiarité avec ceux qui vous sont inférieurs sous les rapports moraux et intellectuels, vous ne tarderiez pas à donner prise à leur influence perverse, qui se traduit par des mystifications d'abord, plus tard par de cruelles et tenaces obsessions.
Soyez donc sur vos gardes ; nuancez votre langage d'après celui même des Esprits qui se communiquent dans vos groupes, mais que la gravité et la bienveillance n'en soient jamais exclues. Ne repoussez pas ceux qui se présentent à vous sous des apparences imparfaites. Peut-être préfèreriez-vous toujours des communications sages sur lesquelles il ne vous soit pas nécessaire d'exercer votre cœur et votre jugement pour en connaître la valeur, mais songez que le jugement ne se développe que par l'exercice. Toutes les communications ont leur utilité pour qui sait en tirer parti ; une mystification reconnue et prévenue peut agir avec plus d'efficacité sur vos âmes, en vous en faisant mieux apercevoir les points à renforcer, que des instructions que vous vous contenteriez d'admirer sans les mettre en pratique.
Travaillez avec courage et sincérité, et l'Esprit du Seigneur sera avec vous.
Moki.
Ce n'est pas à la doctrine seule qu'ils nuisent, c'est aussi à eux-mêmes ; car, si toute bonne action porte en elle-même sa récompense, toute action légère laisse après elle une impression fâcheuse, parfois suivie d'une punition physique dont la moindre conséquence peut être la suspension de la médianimité, ou tout au moins l'impossibilité de communiquer avec les bons Esprits.
Il faut être sérieux, non seulement avec les Esprits bienveillants et éclairés qui viennent donner de sages instructions, et que votre peu de recueillement éloignerait, mais encore avec les Esprits souffrants ou mauvais qui viennent, les uns vous demander des consolations, les autres vous mystifier. Je dirai même que c'est surtout avec ces derniers qu'il faut de la gravité, quoique tempérée par la bienveillance ; c'est le meilleur moyen de leur imposer, et de les faire tenir à l'écart en les contraignant au respect. Si vous vous abaissiez jusqu'à la familiarité avec ceux qui vous sont inférieurs sous les rapports moraux et intellectuels, vous ne tarderiez pas à donner prise à leur influence perverse, qui se traduit par des mystifications d'abord, plus tard par de cruelles et tenaces obsessions.
Soyez donc sur vos gardes ; nuancez votre langage d'après celui même des Esprits qui se communiquent dans vos groupes, mais que la gravité et la bienveillance n'en soient jamais exclues. Ne repoussez pas ceux qui se présentent à vous sous des apparences imparfaites. Peut-être préfèreriez-vous toujours des communications sages sur lesquelles il ne vous soit pas nécessaire d'exercer votre cœur et votre jugement pour en connaître la valeur, mais songez que le jugement ne se développe que par l'exercice. Toutes les communications ont leur utilité pour qui sait en tirer parti ; une mystification reconnue et prévenue peut agir avec plus d'efficacité sur vos âmes, en vous en faisant mieux apercevoir les points à renforcer, que des instructions que vous vous contenteriez d'admirer sans les mettre en pratique.
Travaillez avec courage et sincérité, et l'Esprit du Seigneur sera avec vous.
Moki.
Immigration des Esprits supérieurs sur la terre
Société spirite de Paris, 7 octobre 1864. – Médium, M. Delanne
Je vous parlerai ce soir des immigrations d'Esprits avancés qui viennent
s'incarner sur votre terre. Déjà ces nouveaux messagers ont repris le
bâton de pèlerin ; déjà ils se répandent par milliers sur votre globe ;
partout ils sont disposés par les Esprits qui dirigent le mouvement de
la transformation par groupes, par séries. Déjà la terre tressaille de
sentir dans son sein ceux qu'elle a vus jadis faire des passages à
travers son humanité naissante. Elle se réjouit de les revoir, car elle
pressent qu'ils viennent pour la conduire à la perfection, en devenant
les guides des Esprits ordinaires qui ont besoin d'être encouragés par
de bons exemples.
Oui, de grands messagers sont parmi vous ; ce sont eux qui deviendront les soutiens de la génération future. A mesure que le Spiritisme va grandir et se développer, des Esprits d'un ordre de plus en plus élevé viendront soutenir l'œuvre, en raison des besoins de la cause. Partout Dieu a réparti des soutiens pour la doctrine ; ils surgiront en temps et lieu. Aussi, sachez attendre avec fermeté et confiance ; tout ce qui a été prédit arrivera, comme le dit le saint livre, jusqu'à un iota.
Si la transition actuelle, comme vient de le dire le maître, a soulevé les passions et fait surgir la lie des Esprits incarnés et désincarnés, elle a aussi réveillé le désir ardent, chez une foule d'Esprits d'une position supérieure dans les mondes des tourbillons solaires, de venir à nouveau servir les desseins de Dieu pour ce grand événement.
Voilà pourquoi je disais tout à l'heure que l'immigration d'Esprits supérieurs s'opérait sur votre terre pour activer la marche ascendante de votre humanité. Redoublez donc de courage, de zèle, de ferveur pour la cause sacrée. Sachez-le, rien n'arrêtera la marche progressive du Spiritisme, car de puissants protecteurs continueront votre œuvre.
Mesmer.
Oui, de grands messagers sont parmi vous ; ce sont eux qui deviendront les soutiens de la génération future. A mesure que le Spiritisme va grandir et se développer, des Esprits d'un ordre de plus en plus élevé viendront soutenir l'œuvre, en raison des besoins de la cause. Partout Dieu a réparti des soutiens pour la doctrine ; ils surgiront en temps et lieu. Aussi, sachez attendre avec fermeté et confiance ; tout ce qui a été prédit arrivera, comme le dit le saint livre, jusqu'à un iota.
Si la transition actuelle, comme vient de le dire le maître, a soulevé les passions et fait surgir la lie des Esprits incarnés et désincarnés, elle a aussi réveillé le désir ardent, chez une foule d'Esprits d'une position supérieure dans les mondes des tourbillons solaires, de venir à nouveau servir les desseins de Dieu pour ce grand événement.
Voilà pourquoi je disais tout à l'heure que l'immigration d'Esprits supérieurs s'opérait sur votre terre pour activer la marche ascendante de votre humanité. Redoublez donc de courage, de zèle, de ferveur pour la cause sacrée. Sachez-le, rien n'arrêtera la marche progressive du Spiritisme, car de puissants protecteurs continueront votre œuvre.
Mesmer.
Sur les créations fluidiques
Société de Paris, 14 octobre 1864. – Médium, M. Delanne
J'ai dit brièvement quelques mots sur les grands messagers envoyés parmi
vous pour accomplir leur mission de progrès intellectuel et moral sur
votre globe.
Si, dans cet ordre, le mouvement se développe, et prend des proportions que vous notez chaque jour, il s'en accomplit un autre, non seulement dans le monde des Esprits qui ont quitté la matière, mais aussi important dans l'ordre matériel ; je veux parler des lois d'épuration fluidique.
L'homme doit non seulement élever son âme par la pratique de la vertu, mais il doit aussi épurer la matière. Chaque industrie fournit son contingent à ce travail, car chaque industrie produit des mélanges de toute espèce ; ces espèces dégagent des fluides qui, plus épurés, vont rejoindre dans l'atmosphère des fluides similaires qui deviennent utiles aux manifestations des Esprits dont vous parliez tout à l'heure.
Oui, les objets procréés instantanément par la volonté, qui est le plus riche don de l'Esprit, sont puisés dans les fluides semi-matériels, analogues à la constitution semi-matérielle du corps appelé périsprit, des habitants de l'erraticité. Voilà pourquoi, avec ces éléments, ils peuvent créer des objets selon leur désir.
Le monde des invisibles est comme le vôtre ; au lieu d'être matériel et grossier, il est fluidique, éthéré, de la nature du périsprit, qui est le vrai corps de l'Esprit, puisé dans ces milieux moléculaires, comme le vôtre se forme de choses plus palpables, tangibles, matérielles.
Le monde des Esprits n'est pas le reflet du vôtre ; c'est le vôtre qui est une grossière et bien imparfaite image du royaume d'outre-tombe.
Les rapports de ces deux mondes ont toujours existé. Mais aujourd'hui le moment est arrivé où toutes ces affinités vont vous être dévoilées, démontrées et rendues palpables.
Quand vous comprendrez les lois des rapports entre les êtres fluidiques et ceux que vous connaissez, la loi de Dieu sera près d'être mise à exécution ; car chaque incarné comprendra son immortalité, et de ce jour il deviendra non seulement un ardent travailleur à la grande cause, mais encore un digne serviteur de ses œuvres.
Mesmer.
Si, dans cet ordre, le mouvement se développe, et prend des proportions que vous notez chaque jour, il s'en accomplit un autre, non seulement dans le monde des Esprits qui ont quitté la matière, mais aussi important dans l'ordre matériel ; je veux parler des lois d'épuration fluidique.
L'homme doit non seulement élever son âme par la pratique de la vertu, mais il doit aussi épurer la matière. Chaque industrie fournit son contingent à ce travail, car chaque industrie produit des mélanges de toute espèce ; ces espèces dégagent des fluides qui, plus épurés, vont rejoindre dans l'atmosphère des fluides similaires qui deviennent utiles aux manifestations des Esprits dont vous parliez tout à l'heure.
Oui, les objets procréés instantanément par la volonté, qui est le plus riche don de l'Esprit, sont puisés dans les fluides semi-matériels, analogues à la constitution semi-matérielle du corps appelé périsprit, des habitants de l'erraticité. Voilà pourquoi, avec ces éléments, ils peuvent créer des objets selon leur désir.
Le monde des invisibles est comme le vôtre ; au lieu d'être matériel et grossier, il est fluidique, éthéré, de la nature du périsprit, qui est le vrai corps de l'Esprit, puisé dans ces milieux moléculaires, comme le vôtre se forme de choses plus palpables, tangibles, matérielles.
Le monde des Esprits n'est pas le reflet du vôtre ; c'est le vôtre qui est une grossière et bien imparfaite image du royaume d'outre-tombe.
Les rapports de ces deux mondes ont toujours existé. Mais aujourd'hui le moment est arrivé où toutes ces affinités vont vous être dévoilées, démontrées et rendues palpables.
Quand vous comprendrez les lois des rapports entre les êtres fluidiques et ceux que vous connaissez, la loi de Dieu sera près d'être mise à exécution ; car chaque incarné comprendra son immortalité, et de ce jour il deviendra non seulement un ardent travailleur à la grande cause, mais encore un digne serviteur de ses œuvres.
Mesmer.